 Nouveau volume de l’intégrale intégralissime de tout ce que Mozart aura écrit pour le violon et le piano, et inversement ; c’est bien d’ailleurs ce qui fait le sel de cette entreprise, Cédric Tiberghien et Alina Ibragimova y jouant d’égalité aussi bien dans les rêveries comme pour les giocosos. Dès l’Allegro de la Sonate en si bémol majeur, ce ton simple et si fusant, ce partage si naturel des portées qui donne le sentiment qu’une seule main joue des deux instruments, met un théâtre d’une fraîcheur inouïe, qui ose l’ingénuité, le divertissement pur, et puis soudain sur une modulation tout se trouble, l’archet miaule, le clavier s’égare, vite il faut se reprendre, rester sur le fil, sans quoi on perd Mozart. Jouer comme cela le petit théâtre des Sonates, c’est y faire entrer l’opéra et ses personnages, Chérubin en premier, c’est aussi y oser une vocalité, des ports de voix, toute une imagination, de sons et de situations, qui nous font quitter la chambre ou le salon pour passer dans le laboratoire du créateur. Comprendre la langue de Mozart, sa syntaxe, c’est ce que veut l’archet anticlassique d’Alina Ibragimova, chantre déjà d’un romantisme qui ne se cache plus alors même qu’il arbore les modes d’un jeu où Jean-Marie Leclair se reconnaitrait tout à fait. Il y a plus de Paris ici que de Vienne, tour de force brillant qui illustre bien l’intelligence de son temps que Mozart eut toujours, pour le dépasser tout en s’y fondant. L’ensemble va se poursuivre, se parfaire dans sa complétude, qui s’en plaindrait ? Volume essentiel comme les précédents, et comme eux, délectable (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé)  The third of the ongoing series from the ‘nigh-on ideal’ partnership (Gramophone) of Alina Ibragimova and Cédric Tiberghien. As before, the programme mixes the early—two works by the precocious ten-year-old—with the mature, and includes Mozart’s final violin sonata.
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