Le 1er Avril 1784, à l’issue de la première de son quintette pour piano et quatuor de vents, où il tenait bien-sûr la partie soliste, Mozart écrit à son père Léopold que l’œuvre « a rencontré beaucoup de succès….je le considère moi-même comme la meilleure œuvre que j’aie écrite jusqu’à présent … ». Wolfgang vient juste de connaître un des triomphes les plus marquants de sa carrière, avec cette œuvre expérimentale aux franches allures de concerto. Tout y est : l’introduction lente, signe de solennité (« ceci n’est pas une quelconque musique de salon ! ! ! »)l’ampleur des mouvements, la découpe en 3 mouvements sans menuet, et surtout le ton : le piano est clairement soliste, et, de même que dans les concertos, l’ensemble à vent se fait tantôt orchestre, tantôt partenaires donnant tour à tour la réplique au piano meneur de jeu. La délicatesse de ces interventions des vents, notamment dans le mouvement lent, et directement transposée, là encore, des mondes de poésie que sont les andante des concertos pour piano.On se prend à regretter que Mozart, après une réussite aussi éclatante, s’en soit tenu à cet unica.Il va falloir pas moins que Beethoven, grand admirateur secret de Mozart (tant de ses œuvres, souvent peu connues,en sont une démonstration éclatante, tels ses airs de concert en italien, par exemple, calqués sur ceux de son aîné), pour affronter un tel challenge, et composer à son tour, 12 ans plus tard, une fois Mozart disparu, son propre quintette. Même tonalité, même découpe de mouvements, instrumentarium absolument identique : il ne peut s’agir ici de hasard….Beethoven toutefois ne peut échapper à sa nature extravertie qui place ici le piano nettement plus en avant.En face du chef d’œuvre de Mozart, l’œuvre gagne en solaire et en énergie débordante ce qu’elle perd en intériorité en en délicatesse. Deux univers s’opposent….. quelques années plus tard Franz Danzi (1763-1826), fervent admirateur de Mozart lui aussi, rendra à son tour hommage à son idole par une série de trois quintettes pareillement instrumentés. Le jeu énergique et nuancé d’ Edoardo Torbianelli au pianoforte et des solistes à vent de la Freitagsakademie (sur instruments d’époque) nous livre ici une lecture enthousiasmante et exemplaire de ces partitions justement célèbres. (Jean-Michel Babin-Goasdoué) The premiere of Mozart’s Quintet for piano and winds must have been a shock and at the same time a delight for the audience of the 18th century. The immense richness of colors and sounds were entirely unusual. Mozart had been searching for new challenges and was rewarded. After the premier on April 1st, 1784 Mozart has written to his father: "I myself consider it to be the best thing I have written in my life." Mozart celebrated one of the greatest triumphs of his career. For the first time the nearorchestral rich sonorities, the masterful harmony and the continuing and vigorous dialogue of the oboe, clarinet, horn and bassoon in relation to the piano was heard. Only thirteen years later Beethoven used the same unusual combination of instruments. His quintet for piano and winds was also premiered in Vienna on April 6, 1797. Both artists chose to compose for an entire unique and by that date unknown instrumentation and each had his own musical approach. Under the group name “Die Freitagsakademie“ Katharina Suske gathered some of the finest international artists: Edoardo Torbianelli (fortepiano), Katharina Suske (oboe), Pierre-André Taillard (clarinet), Olivier Darbellay (horn) and Lyndon Watts (bassoon). These five musicians, each with their own unique character, blend together and reciprocally influence each other to create a single flowing sound body and impresses with their entirely new, dynamic interpretation. The unusual instrumentation is recorded in an exceptional way using just one special microphone to capture the beauty of this unique sound experience, the high art of the Wiener Klassik.
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