Fux, dont les débuts sont mal connus occupa divers postes à Vienne et fut nommé compositeur de la cour impériale de Léopold 1er, puis de ses successeurs, dont Joseph 1er. Son œuvre, sommet du baroque autrichien, lui valut de son vivant une renommée européenne. Grand théoricien, il fut ensuite oublié. Ce concentus-musico-intrumentalis date de 1701. Œuvre de circonstance, jouée en partie pour la fête du futur Joseph 1er en 1698, et à son mariage en 1699, il consiste en une succession de pages orchestrales d'ampleur variable (2 à 8 parties ; l’effectif va de 4 à 27 musiciens). Ces pièces diverses (2 sinfonia, 4 ouvertures, 1 sérénade) obéissent en fait, à une exception près, au modèle, librement adapté, de la suite française constituée d'une ouverture et d'une série de danses entre lesquelles Fux intercale des mouvements de nature différente — chaconne, passacaille—, ou dotées d'une fonction descriptive, voire idéologique : Joseph 1er, célébré dans cette œuvre fut l'un des premiers monarques éclairés — il prônait déjà la séparation de l'Église et l'État et ses rapports avec le beau sexe étaient "libérés" : de là des mouvements intitulés "La Volage", "Le Libertein", "La Joye des fidels sujets", "Les énemis confus", qui peignent le portrait du futur empereur. Réduire le concentus à son aspect fastueux, redevable à la pompe versaillaise, serait passer à côté de sa grande inventivité. Fux est un géant à sa manière : contemporain de Purcell, sa sinfonia à 2 évoque les parties orchestrales de "The Fairy Queen". Mais il annonce Haendel et sa Water Music; il anticipe Telemann par sa capacité à mêler avec ingéniosité style français et style italien (cf. le prodigieux 3e mouvement de la même sinfonia qui fait dialoguer une flûte à bec jouant un air italien en 6/8 et un hautbois jouant un air français en rythme binaire.) Mais aussi le Rameau des "Indes Galantes" par un exotisme musical, plein de verve et de facétie (cf. l'utilisation des percussions). il joue splendidement des contrastes, sait faire naître tout d'un coup, un trio ou un solo de clavecin au creux d'une ample tessiture orchestrale, engendrer de petites formes dans les grandes. Il combine les timbres de manière surprenante pour l’époque, et même pour l’auditeur d’aujourd’hui (cf. l’usage du hautbois et du basson, qu’il contribua à populariser en Allemagne.) L’interprétation proposée ici rend parfaitement justice à cet univers sonore : surprenant rendu des oppositions, magnifique traduction de l’aspect solennel et de l’aspect jovial, tendre de cette musique, perfection dans l’alliance des timbres. C’est vivant, audacieux, subtil, jamais pesant. Une œuvre qui mérite d’être connue dans une excellente réalisation. (Bertrand Abraham) Today we can count ourselves lucky to have firsthand knowledge of Johann Joseph Fux's great first work, the Concentus musico-instrumentalis in septem partittas, ut vulgo dicimus, divisus. The fact is that it has survived in a single printed exemplar of the original edition from 1701 in nine partbooks. Since some pages from the viola partbook are missing, the corresponding voice for new editions and recordings supplied by Michael Hell, who along with Lucia Froihofer leads the Neue Hofkapelle Graz, had to be reconstructed for the present recording. When Fux's Concentus was printed, he was the court composer under Emperor Leopold I, the work's dedicatee. The Concentus musico-instrumentalis collection consists of a grandly dimensioned Serenade in three parts, a Sinfonia à 6, four Overtures, and a Sinfonia in three voices. The constant alternation between the Italian and French styles or their juxtaposition and sometimes their combination runs like a red thread through the entire Concentus. Surely Fux was not interested in engaging in assiduous, one-sided imitation of Lully's style but in following an independent path. Here he is in the excellent company of Georg Muffat, who was trained in Italy and France and had a solid command of both styles. It should also be mentioned that the Concentus represents what is quite probably the very first printed music with oboes and bassoon(s) fOrchestra Sinfonica di Romauthern German-speaking Europe.
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