 Jean Cras puisa dans la source de la Grèce antique l’inspiration des rares partitions que l’océan ne lui aura pas inspirés : son Polyphème, chef d’œuvre lyrique qui seul osa prendre la succession du "Pelléas et Mélisande" de Claude Debussy, fut suivi six ans plus tard d’un cycle de quatre mélodies où il mêle la voix d’une soprano qui pourrait absolument être Mélisande, de timbre, de phrase, de couleurs à la flûte du Dieu Pan, un syrinx, et à trois instruments à cordes. Le cycle est un des chefs d’œuvre de la mélodie française d’après Fauré, à l’égal des Bilitis de Debussy, des Mallarmé de Ravel, des Poèmes hindous de Delage, Sophie Karthäuser y distille la poésie sensuelle de son soprano élégant, cueillant tous les doubles sens des admirables poèmes de Lucien Jacques qui inspira à Jean Cras un autre recueil non moins fascinant, « Fontaines ». Après cette révélation, Oxalys préfère revenir à l’inspiration marine, Jean-Claude Vanden Eynden, emportant dans son clavier divaguant les cordes du Quintette qui compose un journal de voyage plein de couleurs et d’embruns, partition merveilleuse, tout comme l’autre Quintette, contemporain de "La flûte de Pan" où cette fois le compositeur préfère le traverso qu’il marie à la harpe et aux trois cordes. Partition ravélienne, pleine de détours imaginaires, d’une conduite subtile, où les harmonies s’épicent parfois de teintes hindoues. Disque parfait pour découvrir l’un des princes de la musique la plus française que l’on ait jamais écrite. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  En bon brestois et brillant officier de la Marine nationale, Jean Cras ne pouvait qu’être fasciné et inspiré par les paysages marins, les mouvements ondulants de la mer et les contrées vers lesquelles il a vogué. Cela se ressent profondément dans son écriture. De La Flûte de Pan (1928) à l’inspiration mythologique comprenant l’instrument éponyme, une voix de soprano et un trio violon, alto, violoncelle se dégagent une élégance, une délicatesse et une part de mystère invitant à l’imaginaire et à la féerie. Les deux quintettes aux formations différentes (1922 et 1928) invitent eux aussi au voyage. Les mouvements à programme du premier décrivent un voyageur européen en attente d’émotions, la poésie d’un beau soir d’Afrique, la joie de vivre sous le soleil dans une ville arabe et le retour plein de souvenirs. L’œuvre, lumineuse et contrastée, est animée d’un dynamisme et d’une fraîcheur particulièrement appréciables et teintée de délicieuses touches exotiques. Le charme continue d’opérer avec la composition suivante. Œuvre de musique pure, elle n’en est pas moins évocatrice. La harpe et la flûte charment l’auditeur par leurs timbres bucoliques. Le style y est tout aussi vif et varié avec cette rythmique ondulatoire revenant régulièrement dans l’œuvre du compositeur se transformant ici en des danses fantasmagoriques entre douce rêverie et exaltation. De jolies œuvres à découvrir ! (Laurent Mineau)

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