 Ce CD réunit trois œuvres composées en 1948 (concertino), en 1951-1953 (fantaisie), en 1992 (symphonie de chambre). Périodes sombres à cause du contexte politique et de ses effets directs ou indirects sur le compositeur et sa famille (assassinat de son beau-père, puis emprisonnement de Weinberg) et, s'agissant de la symphonie, proximité de la mort : c'est sa dernière œuvre achevée alors qu'il est déjà presque épuisé par la maladie. Ces pièces mobilisent un orchestre d'une trentaine de pupitres, comprenant un violoncelle solo pour les deux premières et une clarinette solo pour la dernière. Elles sont, surtout dans leurs mouvements lents, porteuses d'émotions fortes et mettent par ailleurs en valeur de façon parfois légère, parfois faussement naïve, mais aussi joyeuse et débridée, des éléments issus du folklore polonais et de la tradition juive. Les différents et nombreux « visages » du compositeur y sont réunis, selon P. Wispelwey : "déchirant de légéreté et de tristesse meurtrie, sincère et mystérieux, plein d'audace, profond et charmant". Le concertino, trouvé récemment dans des archives est une préparation très aboutie du concerto pour violoncelle, et déjà une œuvre en soi. Après la longue plainte lancinante du violoncelle solo (mvt.1), la montée progressive de l'énergie dans les deux mouvements qui enchaînent des mélodies judaïques, est à la fois étourdissante et irrésistible. La reprise du thème du premier mouvement et son développement dans l'adagio final se traduit par une sorte de méditation et d'appel du violoncelle ; le jeu du soliste est ici d'une beauté dense et profonde, juste et vraie. La fantaisie op. 52 est l'œuvre la plus insouciante des trois : on admirera la vivacité du jaillissement sonore lié à un rendu aussi précis qu'exquis du détail (cf. les interventions de la flûte notamment). Il y a, outre l'énergie des rythmes klezmer, une sorte de fond très bartokien dans la symphonie de chambre. S'y déploient (3e mvt) des mélodies très prenantes de la clarinette soutenues de façon croissante par les cordes. Des œuvres portées par un souffle pétri d'humanité et ou s'opère un magnifique entrelacement du désespoir et du bonheur. (Bertrand Abraham)  Few composers can be said to be ‘citizens of nowhere’ and yet, exactly this moniker is appropriate for Mieczyslaw Weinberg. He was born and raised in Poland to a Jewish family, but for complex reasons spent the majority of his life in Soviet Russia. He had a prolific output(over 150 opus-numbered works, and more besides), but never reached international fame during his lifetime. Since his death in 1996, that has all changed. His powerful music speaks to generations, made all the more powerful by his emotive biography. Weinberg was born in December 1919; his father was a violinist and conductor for several Jewish theatres in Warsaw, and his mother was an actor and singer. After beginning piano, Weinberg showed great talent and began joining his father in the orchestra pit from the age of 11. He studied at the Warsaw conservatoire, and was even offered a scholarship to study in America. Fate intervened, in the form of the Second World War. Weinberg fled Warsaw and headed east, leaving his parents and sister behind (he would never see them again; they were murdered in the Holocaust). He was granted entry to the Soviet Union, and briefly studied in Minsk, before fleeing the Nazi advance again in 1941. At this point, he fled to Tashkent, Uzbekistan, from where he eventually settled in Moscow, at Shostakovich’s personal invitation. The two composers quickly became firm colleagues and friends, and they regularly began to show each other their works in progress. He had still not escaped the spectre of anti-Semitism, however, and he was imprisoned for several months in 1953 on trumped-up charges. During the 1960s, Weinberg reached the height of his fame, as his music was performed by the likes of David Oistrakh, Mstislav Rostropovich, and Kirill Kondrashin. Despite such success, his music was always marked by the trauma of the loss and tragedy that he had endured. Since his death in obscurity, a generation of performers has brought Weinberg’s music to contemporary audiences: his blend of tuneful modernism speaks to millions around the world.

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