On découvre aujourd'hui l'œuvre de Mieczyslaw Weinberg, compositeur polonais né en 1919 à Varsovie et mort en 1996 à Moscou, au destin épique et tragique. Fils d'un père musicien juif qui officiait dans les théâtres de Varsovie, il fait des études de piano auprès de Józef Turczynski au conservatoire de la ville. En 1939 Il fuit l'invasion des troupes allemandes pour gagner Minsk en Biélorussie. Il s'enfuit à nouveau en Ouzbekistan puis s'installe enfin à Moscou. Il y trouve le soutien de Israël Finkelstein qui fait découvrir ses premières partitions à Chostakovitch en 1943. Commence une longue et fructueuse amitié entre eux qui s'achève à la mort de Chostakovitch en 1975. « je me considère comme son élève, sa chair et son sang » dira de lui Weinberg. En 1953, Weinberg est incarcéré sous le régime de Staline en raison de ses liens familiaux puis recouvra la liberté grâce à l'appui de son ami. A partir des années 60, sa musique est jouée par les plus grands : Oistrakh, Rostropovitch, Kogan, Kondrachine, Barchaï et le quatuor Borodine. Il obtient enfin une reconnaissance officielle en 1971 puis en 1990. Compositeur humble et laborieux, Weinberg est l'auteur d'une œuvre abondante : sept opéras, nombreuses symphonies, musique de chambre dont ce corpus des 17 quatuors à cordes. Son style est pluriel et très personnel. Issu du conservatoire, Weinberg a une culture musicale classique, il utilise savamment le contrepoint, n'hésite pas à s'inspirer du dodécaphonisme mais sa musique est avant tout imprégnée des traditions folklorique juive surtout (à la manière d'un Bloch) mais aussi polonaire russe et moldave. On trouve aussi évidement la patte du vénéré Chostakovitch dans bien des quatuors. D'un Prokofiev également. Hommage et parrallélisme avec les quatuors de Bartok contemporains. Certains tropes illustrent la richesse du style de Weinberg : Motifs et mélodies toujours d'une grande inventivité, structures des mouvements très ouvertes et divisés en sections libres (le quinzième quatuor a neuf mouvements, le huitième, un seul !). Les formes sont variées : toccatas, passacailles, marches, sarabandes, intermèdes, préludes et traitées selon des schémas harmoniques sophistiqués. Weinberg explore de façon approfondie les timbres et couleurs de chaque instrument. Les sourdines ont toujours un rôle rhétorique. Les contrastes dynamiques sont surlignés et affectent le cours du développement thématique, créant une sorte de caractère bipolaire : des pics d'intensité précèdent ou suivent des phases de dépression, terminant souvent par des cadences méditatives et résignées. On passe facilement d'une frénésie débridée un peu forcée à une nostalgie atone et morbide. Expressionnisme maintenu dans un canevas formel admirable. Commencez donc par le volume 3 et les quatuors n°6 (où alternent une fugue stricte et des accents klezmer), le 8 et le 15, véritables pépites expérimentales et d'un très émouvant lyrisme, qui résument fort bien l'esprit de la musique de Weinberg. Le Quatuor Danel a une expérience notable de l'interprétation de ce répertoire. Ils ont notamment réalisé une intégrale des Quatuors de Chostakovich (Fuga Libera). Ils combinent pédagogie, virtuosité et intuition. Fort de leur connaissance profonde de l'œuvre du compositeur, leur vision respecte scrupuleusement les états, les humeurs, les climats et ambiances de cette musique rare et passionnante. (Jérôme Angouillant) A Phenomenal Edition: Weinberg’s String Quartets on Six CDs at a Super Price Mieczyslaw Weinberg’s genuinely awe-inspiring complete seventeen string quartets are now available in a box set in interpretations by the Belgian Danel Quartet that can only be described as a musical blessing. Inspired by Shostakovich’s widow Irina (and other factors), the Quatuor Danel began acquiring the scores of all seventeen Weinberg quartets in 1995 and after a number of years (2007 to 2012) has now finished its complete recording for cpo. The BBC Music Magazine immediately named the first volume the best chamber music CD in March 2008, and further prizes followed. klassik-heute.com wrote, »In content and skill the works are equal to good works by Shostakovich, but this does not at all mean that Weinberg was a Shostakovich imitator. The Danels perform with unabating, often almost urgent intensity.« And Weinberg’s teacher and friend Shostakovich never missed an opportunity to recommend the works of his friend and fellow musician Weinberg. They were brothers in spirit. Both worked in manifold genres and over a broad stylistic spectrum ranging from folklore (in Weinberg’s case, Jewish folklore in particular) to twelve-tone elements. In the field of the string quartet Shostakovich involved his pupil in a friendly competition and was very happy in 1964 to be the first of the two to write his No. 10.
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