Créé en 2014 par trois musiciens belges, le présent trio a choisi le nom du peintre symboliste Fernand Khnopff. Pour leur premier disque, Sadie Fields, Stéphanie Salmin et Romain Dhainaut gravent quatre partitions du compositeur russe d’origine polonaise dont on découvre, depuis peu, l’importance du legs, dans la filiation de Chostakovitch. La prise de son à la fois charnue et précise sert admirablement leur interprétation fine et puissante du Trio op. 24. Une dizaine de versions existent dorénavant, mais celle-ci est portée par une liberté de ton et une forme d’élégance que l’on ne retrouve peu ailleurs. En effet, ils s’approprient cette musique, laissant du temps à l’immobilité et préservant la plus grande souplesse de ton dans le finale qui ne cesse de chanter. Le chant, précisément, avec, en première mondiale deux Mélodies sans paroles. Voilà un legs aux racines du chant russe, puisées dans le souvenir de Tchaïkovski. Weinberg au piano et Alla Vassilieva enregistrèrent la Sonate pour violoncelle et piano. Le violoncelliste Romain Dhainaut et de la pianiste Stéphanie Salmin affirment, à leur tour, leur belle personnalité dans cette page. Ils jouent des résonances, d’un dosage subtil entre l’expression pudique et les sourdes menaces, que porte cette partition d’une force peu commune. Weinberg à nouveau, mais cette fois-ci accompagné de David Oïstrakh laissa une version extraordinaire de la Rhapsodie sur des thèmes moldaves. Une insondable tristesse émerge du présent enregistrement, qui ne démérite nullement. La mélodie bien projetée et pourtant à peine appuyée au clavier dialogue magnifiquement avec un violon dont l’archet lyrique et généreux évoque aussi bien le lointain romantisme slave que les échos savoureux de la musique Klezmer (Jean Dandrésy) L’idée de consacrer le premier album du Trio Khnopff à la musique de chambre de Mieczslaw Weinberg a vite fait l’unanimité au sein du trio: son Trio mêle expressionnisme et froideur déshumanisée, sa Sonate pour violoncelle cite à peu près toute l’histoire de la musique en vingt minutes (incluant le baroque et des accents presque jazzy), la sincérité de ses Chansons sans paroles émeut immédiatement et sa Rhapsodie consacre l’inventivité instrumentale et la virtuosité de son écriture pour les instruments à cordes. La charge émotionnelle, la qualité et l’originalité de leur écriture font de ces oeuvres des joyaux à découvrir parmi l’impressionnante production du compositeur Mieczslaw Weinberg qu’il est grand temps d’estimer à sa juste valeur. Notez que les Deux Chansons sans paroles ne sont pas encore publiées et font ici l’objet d’un premier enregistrement mondial. Weinberg’s Trio was one of the first big pieces we played together, and it has remained a unanimous favorite. The huge emotional spectrum, the quality and originality of the writing, the instrumental challenge, the composer himself (a young man facing the greatest personal and societal challenges) – this all comes together in his Trio to create a work that resonates deeply with us and that has been something of a constant companion. The idea of dedicating our first album to Weinberg, and more precisely to the pivotal time around 1945, felt like a natural one. His works from this time are extremely diverse: the Trio is monumental in breadth and emotional impact; the cello sonata seems to quote the entire history of music in twenty minutes (from the baroque to the jazz age!); the Songs Without Words and sincere and beautiful in their simplicity; and the Rhapsody showcases Weinberg’s instrumental inventiveness by way of great violinistic virtuosity. Furthermore the Two Songs without Words, unpublished to this date, are here recorded as a world premiere.
|