L’excellent Howard Griffiths avait fait sensation avec deux CD dévolus aux somptueux poèmes symphoniques de Holbrooke, leur orchestration subtile, leur atmosphère inquiétante inspirée par Edgar Poe. Ce troisième volume dédié au musicien anglais vaut avant tout par le poème "les oiseaux de Rhiannon" inspiré par la trilogie d’opéras du "Chaudron d’Annwn" écrit en 1923 et dont les deux premiers volets furent créés par Artur Nikisch et Thomas Beecham (avant une reprise par Weintgartner), ce qui témoigne assez de la renommée de Holbrooke au début du XX° siècle. Les exubérantes mais assez mineures variations pour sur une chanson anglaise (1905) où passent de nombreuses citations d’airs connus comme le "Rule Britannia" ou "Auld Lang Syne" forment un complément amusant mais de peu de poids. Quant à la vaste symphonie "Ships" de 1925, elle montre que Holbrooke, orchestrateur et narrateur de génie n’avait guère la fibre symphonique. Cette construction assez lâche où passent à nouveau des échos de thèmes patriotiques connaît là sa première gravure. Original certes, mais on espère surtout que Griffiths ressuscitera les deux premières symphonies dont l’inspiration poétique Poe, toujours lui, pour la première et Herbert Trench pour la deuxième, était plus proche de l’esprit de Holbrooke, voire la monumentale cantate "The bells". L’œuvre de Holbrooke est si vaste qu’il reste certainement de nombreux chefs d’œuvre à redécouvrir. (Richard Wander) Il fallait bien qu’Holbrooke finisse par avoir son apôtre : ses poèmes symphoniques atmosphériques, son orchestre au ton de légendes, sa veine symboliste avaient plutôt désarçonnés les chefs. Pas Howard Griffiths qui avec son orchestre de Brandebourg continue d’explorer les poèmes symphoniques : il leur manquait les nostalgies galloises des splendides « Birds of Rhiannon », sorcier entouré d’oiseaux et de chevaux magiciens, qui éveille les morts et endort les vivants. Holbrooke y déploie un de ses plus beaux orchestres, emplis de références wagnériennes, d’une sensualité étrange dont Griffiths savoure les alliages harmoniques comme les envolées subtiles. Merveille qui s’accompagne des savoureuses variations sur la chanson populaire « The girl I left behind me » où Holbrooke manie en virtuose l’orchestre, faisant la part belle aux bois et aux vents, partition rare défendue avec panache tout comme la Troisième Symphonie écrite vingt ans plus tard, qu’Holbrooke affubla de plusieurs sobriquets, « Nelson Symphony », « Our Navy ». Finalement elle sera sobrement intitulée « Ships », ses trois mouvements affichant comme prétexte à une musique aventureuse, généreusement lyrique les titres suivants : Warships, Hospitalships, Merchantships, hommage implicite au destin maritime de la Grande Bretagne. Disons le d’emblée, l’œuvre tire parfois à la ligne, quelques sonneries de clairon préparent à l’épisode belliqueux des Warships qui jouent sereinement sur une mer tranquille jusqu’à ce qu’une tempête paraisse, le final est empesé, mais le larghetto de l’Hospitalship, avec le saxophone alto que Holbrooke chéri tant, renoue avec cette propension au rêve nostalgique qui est sa signature sonore, Howard Griffiths soigne alors son orchestre, conscient des beautés de ces pages à la tristesse discrète. Nous donnera-t-il demain les deux premières Symphonies ? (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Vol. 3 of the symphonic works of Josef Holbrooke contains further orchestral works demonstrating that he very much could also compose with humor and joy. Holbrooke’s symphonic poem Birds of Rhiannon has a great wealth of melodies that rightly enabled it to achieve great popularity and to register higher performance figures than all other works by its creator. The noisy and highly effective introduction in op. 37,2 is followed by the presentation of the theme and fifteen variations in which Holbrooke is allowed to develop freely as a brilliant master of instrumentation. In the third-movement of his third symphony, Ships, he once again shows that he is a great master with an enormous wealth of ideas and skillfully employed orchestral colors at his command. In the finale we can practically see the merchant ships leaving the harbor and heading for their particular destinations with their various categories of cargo. As a result, Great Britain is portrayed as a nation ruling the waves of flourishing, international sea trade – which at the time when Holbrooke composed his work, it definitely was.
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