Mathilde Kralik von Meyrswalden (1857-1944)
Trio pour piano en fa majeur
Sonate pour violon en ré mineur
Nonette pour clarinette, 2 cors, basson, 2 violons, alto, violoncelle et piano en do mineur

Oliver Triendl, piano
Korbinian Altenberger, violon
Samuel Lutzker, violoncelle
Solistes du Bavarian Radio Symphony Orchestra

Christopher Corbett, clarinette
Ursula Kepser, cor
Gerda Sperlich, cor
Relja Kalapis, basson
Alexander Kisch, violon
Benedikt Schneider, alto

Il n’est guère de livraison de ClicMag qui ne propose un enregistrement de l’inépuisable pianiste Oliver Triendl, et de ses amis de circonstance, dévolu à des œuvres oubliées. C’est aujourd’hui le cas pour Mathilde Aloisia Kralik von Meyrswalden (1857-1944), demoiselle issue d’une dynastie de cristallier viennois, qui commença à écrire ses propres compositions dès l’âge de 15 ans, étant déjà pianiste renommée, formée par ailleurs pour la composition par Anton Bruckner, Frans Krenn et Julius Epstein. Noms et dates qui suffisent à marquer les influences esthétiques caractéristiques de son art, même si elle ne suivit pas les mêmes voies que Wolf, Mahler ou Zemlinsky, ses congénères d’études. Son Trio en Fa majeur (1880) suscita un éreintement mémorable du critique Max Kahlbeck, ennemi juré du Wagnérisme, en dépit de ses quatre mouvements qui renouvellent par l’harmonie et la structure thématique les modèles de Beethoven, Schubert ou Schumann. La Sonate en Fa mineur de 1878 comporte également quatre mouvements mais reçut en revanche un accueil immédiatement favorable, la critique la plaçant dans la lignée de Schumann avec mention particulière pour avoir été composée par une femme. Les quatre mouvements du curieux Nonet de 1901 jouent très habilement non seulement du mélange des timbres opposant le piano aux cuivres, bois et cordes, mais aussi d’une grande clarté de structure. À l’heure de sa création publique (1903), la Sarabande. Langsam — mit Weihe (Lentement — avec le sens du Sacré), son troisième mouvement, suscita en particulier des appréciations dithyrambiques pour l’intériorité émouvante qui le caractérise. Nous souscrivons sans peine d’autant que les interprètes de ces diverses compositions, sous la férule experte d’Oliver Triendl, s’engagent avec une joie et une énergie très perceptibles dans la réhabilitation justifiée de ces œuvres négligées, peut-être parce qu’elles étaient signées d’un nom de femme… (Jacques-Philippe Saint-Gerand)