 Expressionniste la 6e selon Adam Fischer ? Evidemment non, les tempos sont cursifs, les accents tenus droits, aucun pathos, mais un drive certain, une volonté de serrer le texte qui culmine dans un Scherzo sur les pointes. Horenstein demandait qu’on le joue "comme du Mozart", Adam Fischer ne va pas jusque là, rien ici ne grincera, élégant jusque dans le furioso des implosions. Mais le petit menuet, pizzicatos et bois, est bien sur les pointes, finement réalisé. Merveille de cette 6e dont le tragique ne se déboutonne pas, l’Andante, rêve fluide, Adam retrouvant le geste de son frère Ivan, un hors du temps stellaire, où s’infuse une mélancolie tenace qui conduit dans un alpage aux cloches de vaches hélas trop distantes, plus évoqué que paysagé. Les deux grands mouvements extrêmes sont admirables par la construction, l’empilement implacable des crescendos, une constante volonté de ne pas sur-solliciter un texte que tant débraillent. Classique, oui, absolument, et dans le Finale faisant tout entendre des secrets d’orchestration, de l’écriture savante, bardée de contrepoint, que Mahler aura mis dans ce monstre de musique. J’entends déjà ceux qui souligneront une certaine mise à distance du drame, des éléments de narration, mais tout au long de ce cycle qui ne cesse de retenir mon attention (et sachant que la belle phalange de Düsseldorf, n’est ni Vienne, ni Berlin, ni le Concertgebouw), la rigueur classique du geste, l’élévation du discours, et ce lyrisme sombre, un rien amère même dans cet orchestre toujours relativement lumineux, auront éclairé d’un jour nouveau ce corpus que l’on n’en finit pas de revisiter. La 9e Symphonie, enregistrée au début du cycle, m’avait je crois bien échappée, la 10e reste à paraître, sans que l’on sache quelle version Adam Fischer et son bel orchestre auront choisie. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  Le dixième volume de l’édition Mahler est consacré à la Symphonie "Tragique" du compositeur viennois. Adam Fischer est, depuis la saison 2015-2016, Principal chef du Symphonique de Düsseldorf. Il ne lui reste plus que la Symphonie n° 2 à graver pour achever le cycle. Sa discographie est largement ancrée dans l’Europe centrale, comprenant notamment l’intégrale des symphonies de Haydn, Mozart et Beethoven. La filiation entre l’écriture de ce dernier et celle de Mahler peut se concevoir en termes de recherches sonores. C’est l’énergie qui prime dans cette lecture alerte qui cherche un certain équilibre formel jusque dans l’ordre des mouvements. En effet, l’andante est placé en deuxième place, avant le scherzo, ce qui critiquable car cela rompt la dimension prométhéenne de l’ouvrage. Pour autant, on apprécie la finesse, la précision de la direction et plus encore, le rendu d’un orchestre aux timbres charnus et sans baisses de tensions. Parfois, on aurait apprécié que les prises de risques soient plus grandes, d’autant plus que cet enregistrement est le produit de plusieurs captations en concert. Le finale est splendide de force, de tenue, élégant presque dans la violence expressive. (Jean Dandrésy)  In the Düsseldorf Tonhalle in late February and early March 2020, we gave Mahler’s Sixth Symphony in three live concert performances which we recorded for this CD. This date in the calendar had special significance: the first lockdown period due to the Corona pandemic set in immediately thereafter. The orchestra was playing in full line-up in front of a full house for the last time for a long while. The mood was ominous: we all felt something was amiss, and the next day everything had to be cancelled. We strongly associate those circumstances with our work on the Sixth, and with the foreboding we felt of a catastrophe that has since ruined the livelihoods of many musician colleagues and deprived us all of a meaningful period inour lives. Mahler’s Sixth is always a major event for the orchestra and for the audience. One leaves the concert hall weary and exhausted; time is required to regain one’s composure. This symphony requires a gigantic orchestra: here, once more, Mahler was attempting to stretch the boundaries of what was possible in his day. Not to achieve a mere effect, but simplybecause he needed such a gigantic instrumental apparatus to express his feelings. The sheer amount of emotions we deal with in this symphony is almost unbearable. The controversial third hammer blow provides a good example: Mahler most certainly crossed it out after a rehearsal, overcome by emotion, afraid of dying. In his very bones he thought and felt thatthis symphony would prompt his demise…….. In my view, some of this symphony’s most beautiful, yet also most difficult moments are found in the Scherzo. Mahler wrote the instruction altväterlich (old-fashioned). I have given much thought to what he might have meant by that. Here we have a great number of slight rubatos that are not easy to carry out in practice. If you are too afraid of losing control and you play these passages too mechanically, the music loses its character. On the other hand, it should not sound unstable, as if you were weak in the knees. These passages require precise chamber-music-making among the orchestra groups. In the immediate wake of massive tuttis, this becomes a delicate matter. If you succeed in getting it right – if the oboes, the bassoon, and the violins manage to play those rubatos together and breathe together – the result can be fantastic. (from Adam Fischer’s remarks of the booklet textes)

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