 Conservateur Karl Böhm ? Sa défense des opéras de Berg suffirait à battre en brèche cette assertion simpliste, et l’on finira bien par publier officiellement une de ses interprétations de la Petite Symphonie Concertante de Frank Martin. Apprenant qu’Audite allait lui consacrer un volume de sa collection tiré des archives de Lucerne, j’espérais justement la publication de son concert du 3 septembre 1973. Stupeur et tremblement, c’est un autre inédit qui parait, une lecture au cordeau, fabuleuse pour l’imagination des timbres et l’alacrité des rythmes – quelle mise en place – du solaire Concerto pour bois, harpe et orchestre de Paul Hindemith, partition emplie d’un giocoso revigorant que le disque a d’ailleurs chichement illustrée. Merveille absolue, et ajout d’importance à sa discographie, qu’éclipse pourtant illico une stupéfiante 7e Symphonie de Bruckner captée six ans plus tôt. Böhm venait de fêter ses soixante-dix ans le 28 aout, et toujours jeune homme, la baguette discrète mais alerte, il entraine les Wiener Philharmoniker dans une lecture cursive, aux rythmes aiguisés, tout en texture fluide et ardente, conduisant l’œuvre à une incandescence spirituelle étonnante. Quel élan, quelle ardeur qui précipitent les tempos de l’Allegro, emporte le Scherzo, et fait l’Adagio fluide à force de mystère : ce modelé des cordes, qui ne l’aura jamais obtenu à ce point de voix humaine ? Magique, et comme à rebours de la célèbre gravure pour Deutsche Grammophon envahie par une dimension tristanesque. Ici, la Septième devient une pastorale mystique, Arcadie de sons et de rythmes, belle comme un paysage de Stryie. Indispensable, pour les amoureux de Bruckner, comme pour ceux de Karl Böhm. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  La discographie de la 7° symphonie de Bruckner ne recense pas moins d’une douzaine de versions (la plupart captées en concert) dirigées par Karl Böhm, dont plus de la moitié avec les Wiener Philharmoniker ! Deux enregistrements s’en détachent, celui de 1943 avec son adagio bouleversant et celui, très officiel, réalisé pour l’étiquette jaune en 1976. Audite exhume cette fois la bande d’un concert au festival de Lucerne en 1964, où Böhm dirige avec plus de rapidité et de fluidité que dans ses autres témoignages. Mais comme à chacun de ses concerts, les viennois lui mangent littéralement dans la main. Sans bouleverser la discographie, c’est un complément bien venu aux autres souvenirs brucknériens laissés par le grand chef. L’autre œuvre figurant sur ce CD est, elle, inédite dans sa discographie ; ce bref concerto pour vents et harpe de Hindemith tiré d’un autre concert lucernois (de 1970 cette fois) a été écrit pour une commande de l’université de Columbia en 1949. Il met admirablement en valeur les solistes de l’orchestre viennois et amuse par son bref rondo final qui cite la marche nuptiale du Songe d’une nuit d’été (l’œuvre a été écrite l’année des noces d’argent du compositeur). S’il ne s’agit certainement pas d’un chef d’œuvre du maître allemand qui tire quelque peu à la ligne, cette brève curiosité permet aux musiciens viennois de briller de mille feux et à Boehm de convaincre par la rigueur de sa mise en place et de rappeler qu’il fut aussi un défenseur de la musique de son temps dans l’entre-deux guerres. (Richard Wander)  He did not thrust himself into the limelight but put himself, with economical, clear gestures, entirely at the service of the music: amongst the conductors of his time, Karl Böhm epitomised the anti-star. In the summer of 1964 he delighted the Lucerne audience with a compellingly flowing and cantabile reading of Bruckner’s Seventh – of course at the helm of “his” Vienna Philharmonic, with whom he was also to perform a buoyant Hindemith concerto six years later.
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