Guillaume de Machaut (1300-1377)
Qui n'aroit autre deport
Mais quant je voy
Dont la bonne et belle
Tieus rit au main qui au soir pleure
Fortune a plus de mil engiens
Las! Dolens! C’est ce qui esface
Joye, plaisance
En amer a douce vie
Dame, de qui toute ma joie vient
Dame, a vous sans retollir
Dame, mon cuer en vous remaint

The Orlando Consort

« Musique est une science qui veut qu'on rie et chante et danse (…) Partout où elle est, elle porte la joie ». C'est par ce manifeste que Guillaume de Machaut (Machaut, Champagne, vers 1300 – Reims, 1377) introduit le recueil manuscrit de ses œuvres, illustré de très belles enluminures. Le « Remède de Fortune », écrit avant 1349, est une des premières œuvres du plus grand poète et musicien français du XIVème siècle. Au long de ses 4000 vers (soit plusieurs jours de déclamation) de cette poésie narrative, de ce « dit amoureux », Machaut insère sept pièces chantées et notées qui jouent un rôle dans l’action. Il est question d'amour, de crainte et d’espoir. Mais les progrès du poète amoureux auprès de sa Dame dans les lois de l'amour courtois s'accompagnent de ses progrès dans l'art poétique et musical : Il passe de la « vieille forge » à la « nouvelle ». Nous dirions de l'ars antiqua à l'ars nova, selon le titre de l'ouvrage théorique de Philippe de Vitry. Les lais et virelais, complaintes et « chants roiaux », longs, monophoniques, monotones, accompagnent ses débuts hésitants, tandis que ballades et rondeaux, plus courts, d'un rythme plus vif, agréablement polyphoniques accompagnent ses progrès dans l'art d'aimer et ses succès auprès de sa Dame. Musique et poésie sont les remèdes aux inconstances de Fortune et d’Amour. La réputation des Orlando Consort dans le domaine des musiques du moyen-Age et de la Renaissance n'est plus à faire, on l'a déjà vantée dans ces colonnes. En nous offrant cet album, ils n'ont pas choisi la facilité. Mais ils nous documentent de fort belle façon un moment clé de l'histoire de la musique occidentale. (Marc Galand)