Lumière Musique française pour hautbois Moinet Dervaux Uhlig - 0302673BC

« Lumière », le titre est bien choisi. C’est ce qui se dégage de ce programme de musique française sublimé par le hautbois de Céline Moinet. Dès les premières notes, l’émotion est là ! La Sonate (1962) que Poulenc écrivit en hommage à son ami défunt Prokofiev est teintée d’une poésie et d’une flamboyance rythmique délectables. D’autres pièces sont arrangées avec goût. C’est le cas du « Tombeau de Couperin » (1914-17) de Ravel à l’origine pour piano seul et que l’on redécouvre ici avec un réel bonheur. L’association du hautbois avec le piano apporte à l’œuvre une clarté et une fraîcheur merveilleuses. Le Trio (1926) pour hautbois, basson et piano de Poulenc est imprégné d’une allégresse espiègle tout comme d’un lyrisme touchant que la complicité du basson et du hautbois épaulés par le piano nous fait savourer. Céline Moinet utilise ensuite le cor anglais pour dessiner les mélodieuses volutes de la Rhapsodie (1901-11) de Debussy à l'origine pour saxophone et piano. Le timbre plus sombre et chaleureux de l'instrument renforce la sensualité de l'œuvre ainsi que son côté mélancolique et mystérieux. Finesse, légèreté et tendresse sont exprimées avec tant de beauté dans la Sonate (1921) de Saint-Saëns que l'on ne peut qu'être profondément charmé. Pour finir, l'arrangement du grâcieux Andante du Trio (1880) de Debussy nous invite à la détente et à l'évasion. Voilà un superbe programme à la musicalité enchanteresse qui se savoure à chaque instant ! (Laurent Mineau)

Le hautbois de Céline Moinet est un poème en soi, il me donne souvent la chair de poule. Écoutez seulement comment elle phrase et nuance l’Élégie introductive de la sonate de Poulenc… Dans un style très différent de son très beau Schumann de 2017, la voilà qui tourne le regard vers les compositeurs français qui l’ont très tôt, dit-elle, rendue amoureuse de son instrument. Les arrangements (le Tombeau de Couperin de Ravel, l’Andante du Trio et la Rhapsodie pour saxophone de Debussy) alternent avec des originaux (Poulenc, Saint-Saens), et elle embouche un cor anglais pour l’arrangement de la Rhapsodie. On parcourt ainsi différents climats même si les caractéristiques propres au hautbois ont un peu tendance à les unifier : le brio de Saint-Saëns, la rythmicité de l’hommage de Poulenc à Prokofiev, la virtuosité « néo-baroque » de Ravel, le raffinement harmonique de Debussy… C’est étrange d’entendre le Tombeau de Couperin ainsi égayé par le caractère élégiaque de l’instrument à vent. L’entente stylistique avec Florian Uhlig est parfaite (il n’a plus à démontrer ses affinités avec la musique française depuis sa très remarquée intégrale Ravel ou son disque Ravel, Françaix, Taillefer et Boulanger) et le basson de Sophie Dervaux n’est pas en reste, plein d’esprit et bien chantant : sa familiarité avec Poulenc est flagrante. En prime, une prise de son remarquable : un disque immanquable pour tout amoureux du hautbois ! (Olivier Eterradossi)