Curieux compositeur que Joseph Weigl, né en 1766 à Eisenstadt où son père était violoncelliste principal de l’orchestre du prince Esterházy, qui avait Haydn sous ses ordres, et décédé à Vienne en 1846, après avoir, en 1827, remporté sur Schubert le poste de vice-Kapellmeister de la Hofmusikkapelle. Son nom reste attaché à plus de trente opéras allemands et italiens, une vingtaine de ballets, de la musique de scène, plus d’une vingtaine de cantates profanes, une douzaine de messes, des menuets et quadrilles pour orchestre et une poignée d’œuvres de musique de chambre : les 6 Trios pour hautbois, violon et violoncelle, ici enregistrés, l’Opus Symphonicum, pour cor anglais, flûte d'amour, viole d'amour, trompette, clavecin et violoncelle (1799), un Concertino pour flûte, hautbois, clarinette, basson et harpe (1815), et une Marche pour 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons et 2 cors. En dehors de l’opéra "Die Schweizer Familie" (1809), qui connut alors un certain succès, toute cette production fut vite recouverte de la poussière de l’oubli. On n’en appréciera que plus la parution de ce CD. L’alliance rare du violon, violoncelle et hautbois fut pratiquée entre autres par Salieri (1786), dont Weigl fut l’élève, et, agrémentée d’un alto, par Mozart, dont Weigl fut un des musiciens lors de la création de "Cosi fan tutte", dans le quatuor en Fa majeur Kv 370 ; il sera prolongé à l’époque contemporaine par Bacewicz, Britten, ou Morricone. Dans le cas de Weigl, ces charmants trios un tantinet désuets font entendre sa parfaite maîtrise de l’art contrapuntique et son sens de l’alliage des timbres. Carin van Heerden (hautbois), Martin Jopp (violon), Kathie Stephens (violoncelle), membres de l’Orfeo Baroque Orchestra qu’a constitué la cheffe autrichienne Michi Gaigg, s’avèrent totalement engagés dans la renaissance de ces œuvres inusuelles, et contribuent à susciter pour elles un intérêt renouvelé. (Jacques-Philippe Saint-Gerand) Joseph Franz Weigl, the father of our composer, was the principal cellist in Prince Esterházy's orchestra, thus serving under the kapellmeister Joseph Haydn, who was the godfather at the son's baptism in 1766 and likely had a hand in the boy's musical education. Weigl junior was taught by Johann Georg Albrechtsberger and Antonio Salieri, under whose guidance he flourished. He assisted Mozart with the premieres of Figaro, Così fan tutte, and Don Giovanni, partly conducting subsequent performances of these works and getting an early taste of the theater world. His own operas and singspiels were successful, benefiting from his enviable melodic talent. Listen to the six delightful trios for oboe, violin, and cello assembled here, which, as light-hearted interludes, provide exquisite entertainment from the first to the last measure. Indeed, such mastery is something to aspire to!
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