 Une nouvelle fois, l'enregistrement discographique nous fait rencontrer un compositeur que ses contemporains, amateurs ou critiques (Burney), couvraient d'éloges et dont le nom nous est à peine connu ! Celui-ci fut même, un des élèves de Jean-Sébastien Bach à Leipzig au cours des derniers mois de la vie du Cantor. Il rencontra Adoff Hasse à Dresde, fut l'ami de Carl Philipp Emanuel Bach et visita Georg Philipp Telemann à Hambourg. Virtuose du clavier, improvisateur talentueux, il a laissé un important catalogue dans des genres variés ( sept concertos, douze variations pour le clavecin, plusieurs pièces pour orgue, des sonates, des oeuvres de musique de chambre, une sonate pour flute, des oeuvres vocales...). Les pièces enregistrées sur les trois CD du volume de Brillant classics, ont été écrites entre 1756 et 1780 soit durant la période de sa maturité. Elles comportent trois sonates, deux duos et un divertimento. Le premier duo est dédié aussi bien au clavicorde ou au nouveau piano-forte qui commence à susciter l'intérêt des publics, qu'au clavecin en voie d'être supplanté par un rival mois mécanique et plus apte emporter la préférence durant cette période pré-romantique du « Sturm und Drang ». Durant cette période, les références du style baroque se sont effacées, le style classique n' a pas encore élaboré ses cadres formels. On parle de « style sentimental », mais l'auditeur d'aujourd'hui ne se sent pas touché ou ému. Il écoute des pièces que caractérisent un certain éclectisme et il peut avoir l'impression d' être perdu dans un flot de notes. Le Divertimento en si bémol, brillant et élégant , le dernier mouvement du Duo en Ut et encore davantage, la Sonate N° 3 publiée à Nuremberg en 1756, procurent cependant le sentiment d'écouter une oeuvre inventive et capable de captiver l'auditeur.On peut parfois se sentir proche d'un univers à la Scarlatti. Aurions-nous perdu toute familiarité avec ce type d'écriture, ce qui la rendrait difficile d'accès pour nous autres, nourris principalement par l'écoute des répertoires des périodes baroque, classique ou romantique ? Anna Clemente et Giacommo Benedetti, savent, eux, et fort heureusement, s'orienter dans ces partitions touffues. Il en restituent avec vivacité, vigueur et allant, la singularité et la profusion sonore. Ils partagent, à coup sûr, leur goût pour la musique de Müthel et leur prestation mérite bien plus que des applaudissements de circonstances. (Alain Letrun)  Johann Gottfried Mu¨thel (1728–1788) was an outstanding keyboard virtuoso and a talented improviser, but he left behind relatively few works, as he seemed to compose many sketches but complete only a few of them, when he was in just the right creative mood. His music can be traced stylistically to the empfindsamer Stil (sentimental style) which blended passages rich in emotional nuance and strong harmonic contrasts with expert use of rhetoric and counterpoint and sparkling improvisational techniques. The vast majority of his compositions are instrumental works, particularly works for keyboard. The pieces on this album represent the various key stages of the composer’s mature period. The Duet in E flat is one of the very first musical scores to feature the word ‘fortepiano’, a sign of the burgeoning public interest in the new instrument that would become the keyboard of choice for the Romantic period, better equipped to reveal the performer’s state of mind than the more ‘mechanical’ harpsichord. The movement names (cantabile, con affetto and performance instructions (dolce, crescendo, decrescendo) suggest the dynamic fortepiano, while the long trills and other embellishments are associated with the harpsichord tradition. The Duet in C reveals the influence of J.C. Bach’s keyboard sonatas Op.5 and contains innovative elements combined with expert use of rhetorical gestures. The bright and elegant Divertimento in B flat plays with the emotions with varied, sometimes chivalrous writing. The three sonatas for harpsichord, published in Nuremberg in 1756, were Mu¨thel’s first publication. Their compositional style is highly idiomatic and eclectic, and the themes are developed confidently, with abrupt passages and sudden changes in emotion that epitomise Sturm und Drang writing.

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