 Avant qu’Haendel ne s'installe à Londres en 1710, la musique italienne avait déjà conquis l'Europe – sauf, bien sûr, l'irréductible village gaulois. Le Saxon se trouva donc en terrain bien préparé par quelques avant-coureurs : comme Henry Purcell, dont cet album nous présente une sonate en quatre mouvements de structure typiquement italienne, par son alternance de mouvements lents et rapides ; Nicolà Matteis père, un des premiers italiens à acclimater le style de sa patrie sur les bords de la Tamise (suite pour guitare avec basse continue) avant que son fils n'y fasse une belle carrière ; John Eccles, représenté ici par un extrait du recueil "The mad lover". Quant à Haendel, il apportait avec lui toute la richesse de ses aînés italiens, qu'il avait fréquentés : Alessandro Scarlatti, dont on trouvera ici une forte jolie cantate ; Vivaldi, représenté par un Concerto da camera en Fa majeur RV 100. L'influence de Scarlatti sur "le cher Saxon" est évidente dans la charmante cantate de ce dernier "Pensieri notturni di Filli", qui date de ses années romaines. Mais Haendel n'oubliera jamais complètement le style italien, comme en témoigne une sonate en trio publiée en 1731. L'Italie, qui avait inventé et propagé le style baroque, ne saura bientôt plus retenir ses musiciens (attirés partout, il est vrai, par des salaires élevés et une réputation flatteuse). Haendel sera rejoint (et parfois concurrencé) dans les îles britanniques par plusieurs Italiens, comme le violoniste virtuose Francesco Geminiani, arrivé à Londres en 1714. Le Saxon collaborera aussi avec des natifs, comme Maurice Green, dont l’inspiration italienne est évidente dans l'aria "Farfaletta festosa". Malgré son fil conducteur parfois ténu, cet album nous offre de très jolies découvertes, et du début jusqu'à la fin l'ensemble de musique ancienne The Couterpoint et la soprano Kristen Witmer nous tiennent sous leur charme. (Marc Galand)  This CD by The Counterpoints, entitled Italophilia: Discovering the Italian style in Handel’s London, investigates the Italian musical influences on English baroque music in the seventeenth and eighteenth century. Already in 1683, Henry Purcell (1659-1695) had written in the foreword of his Sonatas of three Parts that he had ‘faithfully endeavour’d a just imitation of the most fam’d Italian Masters’. In later years, the impact of these Italian Masters would only increase, reaching its apogee in the work of George Frideric Handel (1685-1759). This CD contextualizes Handel’s work with composers he influenced and was influenced by, both in England and Italy. The Counterpoints have released an earlier CD on Challenge: Thomascantors in Dialogue (2022), focused on German composers. On Italophilia, the geographical focus shifts to Italy and England. As a consequent, there is a musical relocation, towards a different kind of expression, more contrast between lively and cantabile movements, and solo and tutti moments. Taking Handel as the key figure for this CD then is very fitting, as he had connections to all three countries. Finally, the vocal music and its narrative elements runs like a thread through the entire program. This reflects Handel’s oeuvre, in which vocal music also has a central place.

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