 Un jour que je discutais à bâtons rompus avec Henryk Szeryng de ses divers enregistrements du Concerto de Brahms, il me coupa. « Vous connaissez le Concerto de Hahn ? Je vais le créer l’année prochaine aux Etats-Unis. » Il avait fait bien plus, en retrouvant le manuscrit à la Bibliothèque Nationale de Caracas, perçant enfin le mystère de cette œuvre qui n’avait plus été jouée depuis sa création fugitive en 1927, malgré sa dédicace à Jules Boucherit et l’amitié qui liait le compositeur à une autre violoniste, Denise Soriano, avec laquelle il enregistra sa Sonate. Durant ses études à Paris, Szeryng entendit parler de ce « concerto fantôme » par Gabriel Bouillon, son professeur au Conservatoire. Miracle ! La création américaine de l’œuvre à Atlanta le 20 novembre 1987, la voici, de plus dans un son remarquable, Henryk Szeryng faisant assaut de traits enthousiastes dans le Décidé initial (que le public applaudit), ardant le Chant d’Amour probablement interdites. Le final contraste un lent élégiaque avec un presto qui raille, petite merveille d’esprit très parisien. L’archet est toujours magnifique, la justesse encore certaine, mais Henryk Szeryng se doute-t-il qu’il est à quelques mois de la mort qui le prendra sans prévenir le 3 mars de l’année suivante ? Rhine Classics ajoute deux échos d’un concert donné au temps de la splendeur du violoniste polonais le 17 janvier 1974 à Boston avec le jeune Michael Tilson Thomas. Plus que pour le Troisième Concerto de Paganini, qu’il aura retrouvé en 1967 et « arrangé » dans les archives en désordre de Guiseppina, l’arrière-petite-fille du compositeur, s’écrivant au passage une fabuleuse cadence dont il ne fait ici qu’une bouchée, c’est l’estompe du Poème de Chausson qui saisit, témoignage de ce style si spécifique de l’école franco-belge de violon, dont , après Henryk Szeryng, seul Augustin Dumay aura été l’ultime récipiendaire. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  "My own beguilement with Szeryng came with his performance in 1987 Atlanta with Louis Lane, of the North American premiere of the 1927 Concerto by Reynaldo Hahn, the French master of the Belle Epoch. “Ah, yes”, asserts Szeryng, “Reynaldo Hahn, the most Parisian of all Parisians, even though he was born in Caracas of German parents. There is even a street in Caracas named for him. I remember meeting him; and even though he was trained as a pianist, he had a natural sense of the violin. Some favor his Violin Sonata. The Concerto is published, but for some reason nobody plays it. The first movement for me is the best and most compact and makes a natural display piece. The second movement is based on a song from Tunis — absolutely genuine— and the finale sings in a typical operetta style. It starts like an extension of the second movement and has tremendous wit and charm. And, to be sure, it is a challenge.” (Gary Lemco)Tracks
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