La nouvelle référence de la direction de chœur, Hans-Christoph Rademann, actuellement à la tête du célèbre RIAS Kammerchor, dans un programme d’œuvres sacrées de Schütz, menées à la perfection par les voix divines du Dresdner Kammerchor, la formation créée par Rademann-même il y a maintenant plus de 20 ans. Un enregistrement qui saura sans doute s’imposer dans la discographie du genre, tellement le niveau technique des voix est remarquable et l’interprétation habitée.  La Musique sacrée pour chœur de Schütz, une de ses œuvres majeures, fut publiée en 1648 à Dresde, année qui vit la fin de la Guerre de trente ans. Cette guerre ne marqua pas seulement de façon douloureuse la vie du compositeur, elle provoqua également l’effondrement complet de la vie culturelle allemande. Dans sa préface au recueil de 29 motets à 5, 6 et 7 voix, Schütz citait cette œuvre comme modèle pour la composition sans basse continue – convaincu que tout jeune compositeur devait acquérir “la juste fondation d’un bon contrepoint“. Malgré le contrepoint stricte qui marque un retour à la tradition ancienne, le “Musicus pœticus“ réussit à donner à ses motets un caractère fortement expressif. La déclamation, étroitement liée au mot, et le travail plastique du contenu textuel, tout comme le sens mélodique spécifique de Schütz sont rendus de façon convaincante dans cet enregistrement intégral du Chœur de chambre de Dresde sous la direction de Hans-Christoph Rademann, qui a pris cette année (2007) la direction du RIAS-Kammerchor. / Dans son magnifique recueil de la Geistliche Chor-Music mit 5.6.7 Stimmen vocaliter und instrumentaliter zu gebrauchen (Musique chorale sacrée à utiliser avec 5, 6 ou 7 parties vocales et instrumentales), publié en 1648 et dédié au chœur et au conseil de la Ville de Leipzig, Heinrich Schütz (1585-1672) synthétise son art dans l’écriture du motet ancien. Contrairement à ses Symphoniae sacrae II (1647), véritable apothéose du style concertant moderne, il renonce ici à la basse chiffrée, et écrit une trentaine de courts motets dans un style contrapuntique dense, d’une belle transparence et incroyablement varié. Hans Christoph-Rademann, l’un des jeunes chefs de chœur les plus prometteurs dans le paysage musical allemand, et les musiciens qui l’accompagnent, en donnent une vision lumineuse, intelligente, toujours expressive et touchante. Les chanteurs sont remarquables – la justesse n’est jamais mise en péril. Carus nous offre un magnifique album, à ne surtout pas manquer. La voie vers la sérénité céleste ! / Dans les prochaines années, l'enregistrement intégral des œuvres de Heinrich Schütz sous la direction de Hans-Christoph Rademann sera réalisé sous le label Carus. Les œuvres seront interprétées d'après les canons de la musique ancienne par des solistes de renom et le Dresdner Kammerchor. Cette intégrale débute par l'enregistrement de Geistliche Chor-Music 1648 réalisé en 2007, et qui fut récompensé par le Pizzicato Supersonic Award (Carus 83.232). Lorsqu'il s'agit de faire honneur à l'art de Heinrich Schütz, son talent dans le maniement de la langue et du texte vient en première position. Dans Geistliche Chor-Music, une de ses œuvres centrales composée en 1648, on retrouve le même raffinement dans la mise en musique du contenu textuel. Dans sa préface au recueil de 29 motets à 5, 6 et 7 voix, Schütz citait cette œuvre comme modèle pour la composition sans basse continue – convaincu que tout jeune compositeur devait acquérir "les justes fondements d’un bon contrepoint". Malgré le contrepoint strict qui marque un retour à la tradition ancienne, le "Musicus pœticus" réussit à donner à ses motets un caractère fortement expressif. Les motets isolés sont structurés différemment et se distinguent en longueur et caractère. De courtes pièces, plutôt sobres côtoient d'autres plus longues et de grande intensité expressive, l'optimisme joyeux côtoie la plainte implorante. (Pierre-Yves Lascar)

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