L’intégrale des concertos pour orgue op. 4 de Haendel par Lorenzo Ghielmi, bien connu notamment pour ses enregistrements Bach et Bruhns chez Winter & Winter, couronnés par un Diapason d’Or. Rappelons que ces six concertos publiés en 1738 ne furent pas écrits pour l’église mais pour la salle de concert, et s’intégraient aux représentations d’opéras ou d’oratorios, auxquels ils empruntent souvent leur matériau musical. Bref, du recyclage où triomphaient la virtuosité et le génie d’improvisateur de Haendel qui de son clavier (clavecin ou orgue) émoustillait l’auditoire. Les sections ad libitum laissées à l’initiative de l’interprète furent souvent le pont-aux-ânes d’enregistrements soit trop littéraux soit sur-ornementés (Ton Koopman chez Erato, d’un guillochis presque rococo). Au sein d’un riche catalogue régulièrement abondé depuis l’ère microsillon (Marie-Claire Alain y revint non moins de quatre fois depuis ses gravures mono chez Trianon), les contributions de Daniel Chorzempa (Philips) et d’Herbert Tachezi (Teldec) marquèrent leur temps. Hormis l’alacrité du Concentus Musicus de Nikolaus Harnoncourt ou la fine élégance de l’Academy de Neville Marriner, rares furent les accompagnements qui trouvèrent un ton juste, mais nombreux ceux qui se fourvoyèrent dans le compassé ou le sirupeux. Les sessions de mai 2007 captées par Passacaille résonnèrent-elles donc comme un coup de tonnerre dans le ciel souvent trop bleu et les décors en carton-pâte de la discographie ? Du moins, rien des foudres jupitériennes, ni même de bachique, mais plutôt à l’image de Ganymède ravi comme échanson de l’Olympe. Un petit orchestre aux effectifs ajustés, un orgue flambant neuf (Santuario del Divin Prigioniero) employé avec les registrations idoines. Lorenzo Ghielmi garantit le bon goût, l’imagination au pouvoir. Un parcours sans faute dans ces pages à doigts composées par la « Charming brute », dont l’interprétation retient le potentiel de séduction plutôt que le brio. Tout serait à chérir dans cette apollinienne livraison que transfigure une constante poésie, mais on succombera en particulier aux sonorités magiques de l’Andante du n° 1, aux enluminures finales du n° 4. Pour le dernier concerto, et comme jadis Simon Preston (Archiv), le CD laisse la vedette à la harpe pour laquelle cet opus fut initialement conçu. Margret Köll, en parfaite osmose avec l’archiluth de Luca Pianca, y conclut un disque enchanteur. Quelle douce jouvence pour cet opus IV ! Une inoubliable vigne d’Arcadie où toute grappe chante et grise. (Christophe Steyne) Lorenzo Ghielmi enseigne l’orgue, le clavecin et la musique d’ensemble au département de Musique ancienne de l’Accademia Internazionale della Musica de Milan. De plus, il a enseigné quelques années, comme professeur invité, à Trossingen et à Lübeck. Il est organiste titulaire de la basilique San Simpliciano à Milan, où il a interprété à l’orgue Ahrend, entre 1992 et 1994, l’œuvre complète pour orgue de J. S. Bach. Il donne des concerts dans toute l’Europe, au Japon et aux Etats-Unis. Il réalise de nombreux enregistrements pour la radio et sur disques comme soliste (Deutsche Harmonia Mundi, Teldec, Ars Musici, Winter & Winter). Il joue avec son ensemble instrumental La Divina Armonia et en duo avec son frère Vittorio (viole de gambe et clavecin). En France, il a reçu le Diapason d’or pour ses enregistrements de Bruhns et de Bach. Outre ses activités de concertiste, il se passionne pour la recherche musicologique: il a publié des études sur l’art organistique du 16e et 17e siècle, sur l’interprétation des œuvres de Bach et, récemment, un livre sur Nicolaus Bruhns. Lorenzo Ghielmi est souvent invité comme membre du jury de concours internationaux d’orgue (Toulouse, Tokyo, Bruges, Freiberg, Maastricht, Lausanne, Nuremberg, Landsberg, Chartres), et donne des conférences et des cours de maître dans de nombreuses institutions de musique, dont la prestigieuse Académie d’été de Haarlem.
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