Gluck La Corona - La Danza Slowakiewicz Görzynska Juranek Myrlak Bugaj - C135872

"Un grand ballet de bergers", voici La Danza, cette brève pastorale composée pour la Vienne de Marie-Thérèse par un Gluck encore peu sensible aux sirènes de la réforme. Après le succès des "Cinesi", son art entent bien séduire quitte à se glisser dans les canons d’un genre qui avait fait flores en France. Musique charmante, plus strictement galante qu’arcadienne, dont Gluck réemploiera les matériaux musicaux avec autrement plus d’art dans "Echo et Narcisse". Kazimierz Myrlak déploie son beau ténor dans le rôle de Tirsi où avait triomphé Fribert, déjà héros du succès de "I Cinesi", face à lui Ewa Ignatowicz campe une Nice mêlant charme et émotion. C’est le meilleur de cet album inégal : pour la plus vaste Azione teatrale de "La Corona", composée pour fêter François 1er, la réalisation de l’équipe polonaise est autrement incertaine, déparée par des voix trop menues, le tout conduit mollement, au point qu’on n’arrive pas à prendre l’exacte mesure de ce grand divertissement qui sera l’occasion pour Metastase d’écrire un de ses ultimes livrets. Décidément le sort s’acharne sur cette partition dont la création dût être annulée après la mort soudaine de l’Empereur le 18 aout 1765. Dépité, Gluck remisa l’œuvre et n’y revint plus, finalement elle n’aura été tirée des archives qu’en 1937… (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

"La Danza" a été composée par Gluck en 1755, le compositeur est alors installé à Vienne précédé d'une réputation et d'un surnom flatteurs le "Divino Boëmo". Il s'agit d'une idylle pastorale tirée d'un livret de Métastase, constituée d'une brève Sinfonia, d'une succession d'airs dont un très joli duetto, écrits pour ténor et soprano. L’œuvre connut un grand succès et fut jouée à plusieurs reprises. Gluck compose dix ans plus tard "La Corona", autre opéra là aussi sur un texte de Métastase. Suivant fidèlement la mode de l'époque, l’œuvre mixe mythologie et pastoralisme selon un schéma similaire : ouverture, airs somptueux précédés de récitatifs, une scène de chasse avec fanfares et un chœur en clôture. La Corona bénéficiait déjà d'une réalisation honnête signée du chef Martin Palmer et publiée par le label Albany Records en 2005. On trouvera ici dans l'enregistrement du chœur et orchestre de Varsovie malgré son caractère d'époque (1983) et des récitatifs qui s'éternisent, infiniment plus de lyrisme et de tendresse, une émouvante rusticité illustrée par des chanteurs polonais qui sans être des voix irréprochables (Improbable ténor) endossent leur rôle avec naturel et spontanéité. Une curiosité. (Jérôme Angouillant)