 C’est la première du Sacre Du Printemps d’Igor Stravinski, à Paris en 1913, qui éveille Gian Francesco Malipiero, né dans une famille de musiciens, de sa « dangereuse léthargie » de compositeur d’abord intéressé par les baroques italiens Claudio Monteverdi et Girolamo Frescobaldi. Dix ans plus tard, il crée, avec Alfredo Casella, la Corporazione delle Nuove Musiche. Son style renie la facilité du développement thématique, refuse l’académisme de la variation et rejette la musique à programme. Il y préfère la plus grande liberté de forme, privilégiant la qualité du timbre à la virtuosité ornementale, maniant le paradoxe « d’une continuité discontinue, d’une règle dérégulée ». Ce disque présente l’œuvre pour piano, de la plus récente à la plus ancienne, des Poemetti Lunari qui pour certains se réfèrent aux tableaux de son ami peintre Mario de Maria, à Bianchi E Neri, dont la première pièce est en fait une résurrection (à la date maquillée) de son Omaggio A Chopin de 1949, en passant par les miniatures contrastées de Hortus Conclusus, collection de notes quotidiennes jetées sur la partition en vue d’une utilisation finale dans une œuvre de plus grande ampleur. (Bernard Vincken)  This collection of piano pieces by Gian Francesco Malipiero (Venice, 1882 – Treviso, 1973) almost seems to take us along a winding Venetian canal as we move through the moods of a composer who made the contamination between art and life the cornerstone of his existence. As he himself wrote in a letter to the French musicologist Henry Prunières in summer 1924: “My work is the barometer of my life”. From the extreme perspective of Bianchi e neri (1964), the last of his piano works, all the way back to the Poemetti lunari (1909-10), perhaps one of the first characteristic expressions of his style, Malipiero’s music explores the evocative possibilities of free and concise forms. His proclivity for a laconic style leads him to repudiate thematic elaboration in favour of short musical panels; a rambling flow more than a narrative evolution, timbric quality over ornamental virtuosity. Gino Gorini, the first great interpreter of Malipierian pianism, has well grasped the paradoxical game of antithesis that is at the core of Malipiero’s invention when he speaks of a “discontinuous continuity, an unregulated rule”. The result, however, is an imaginative and coherent world, one of the most original and unique of the first half of the twentieth century in Italy.

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