Dans sa Biographie Universelle des Musiciens (Paris 1837 Première édition), Fétis attribue 9 (!!) concertos pour violon à Pugnani, sans citer ses sources. Les auteurs actuels, pour la plupart, lui en concède un seul, le concerto en la majeur ici enregistré. Où sont passés les concertos manquants ? Mystère… C’est donc avec bonheur que nous découvrons dans cet enregistrement le concerto en la déjà cité, accompagné d’une œuvre jusqu’à présent inconnue, retrouvée dans les archives de la Polska Akademia Nauk à Cracovie par le musicologue polonais Adam Rieger, le concerto en ré majeur. C’est à une copie effectuée par Jean-Jacques Rousseau (!!) que nous devons la survie de ce concerto. Ce dernier fut en effet un ardent copiste, cette activité devenant même sa principale source de revenus vers la fin de sa vie avec 360 œuvres transcrites entre 1772 et 1777 dont parfois des opéras entiers. On ignore de quand date la transcription du concerto. Pugnani, né à Turin, fut toute sa vie une figure musicale majeure de la cour de Savoie, intégrant l’orchestre de la cour dès l’âge de 10 ans (!) en tant que violoniste, après avoir eu comme professeur principal Giovanni Battista Somis, lui-même élève de Corelli. Nommé dès 1752 à la tête de la Chapelle Royale, sa renommée grandissante le mena lors de tournées de concerts, à Paris en 1754, puis à Londres en 1769 où il se lia avec Johann-Christian Bach, et également en Russie. Il interpréta précisément un de ses concertos au Concert Spirituel lors de son séjour parisien. Ce qui frappe de prime abord dans ces concertos est l’ampleur des deux œuvres, écrits il est vrai sur mesure pour permettre au violoniste vedette de déployer toutes les facettes de son art. On y retrouve ce constant « cantabile », ce ton chantant et expressif, hérité de Corelli, qui se retrouve chez Nardini, Tartini, Lolli, ou Giornovichi entre autres violonistes compositeurs de cet époque, et dont la jeune génération, Paganini en tête, prendra l’exact contrepied, pour aboutir à une musique-spectacle. L’orchestre typique du XVIIIème siècle (cordes, 2 hautbois et 2 cors surtout utilisés pour leur couleur dans les introductions d’orchestre et les ritournelles), accompagne un soliste dévoué au chant, dans des mélodies naturelles n’utilisant jamais de difficultés techniques en tant que fin en soi. Ce culte de la cantabilité s’exprime au mieux dans les cadences présentes dans tous les mouvements, à l’imitation de Locatelli. Une belle première mondiale qui vient heureusement compléter une discographie passionnante mais succincte. (Jean-Michel Babin-Goasdoué) The rather singular figure of Gaetano Pugnani (prone to luxury, exhibitionist, and with a lively desire for glory) stands out remarkably in the eighteenth-century music scene. Prodigy child (at the age of ten he was already in the orchestra of the Teatro Regio of Turin) he became one of the leading violinists and composers of the time in Piedmont. He was born in 1731 in Turin where he lived most of his life and where he died. Yet, his great violinistic virtuosity crossed the Italian borders as he toured and held concerts in all major European capitals where he was highly appreciated by the greatest critics and musicians of the era. His violinistic style tributes Corelli through the mediation of his master Giovanni Battista Somis. The Concerti included in this album perfectly represent the virtuosity and musicality of the Italian style that also allowed Somis to enchant all major theaters in Europe. Roberto Noferini, an exceptional performer, plays the solo violin improvising in the style of the era. He is accompanied by the Orchestra Nuove Assonanze directed by Alan Freiles Magnatta.
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