Florian Leopold Gassmann (1729-1774)
Quintette pour hautbois et cordes en si bémol majeur, H 571
Quintette pour hautbois et cordes en si bémol majeur, H 573
Quatuor pour hautbois et cordes en mi bémol majeur, H 482
Quatuor pour hautbois et cordes en mi bémol majeur, H 486
Cassation pour 2 cors anglais, basson et 2 cors, H 532

Lajos Lencsés, hautbois, cor anglais
Lena Gersbacher, cor anglais
Wolfgang Wipfler, cor
Josef Weissteiner, cor
Libor Sima, basson
Quatuor Szigeti

Curieuse existence que celle de Florian Leopold Gassmann (1729-1774), entachée de grossières erreurs factuelles dans les registres historiques jusqu’à ce qu’Helmuth Kainer publie modestement en 2012 « Quelques remarques… » restaurant la vérité sur le parcours d’un très jeune harpiste, fils d’un joaillier destinant à douze ans sa progéniture au commerce des épices. Cet avenir imposé fit fuir en solitaire le jeune garçon qui, avec violon et harpe, enchanta les audiences rencontrées sur sa route, à Karlsbad par exemple, avant d’atteindre l’Italie, Venise puis Bologne où il fut l’élève du Padre Martini. De nombreuses péripéties ponctuèrent sa vie jusqu’à ce qu’il épouse en 1768 la fille du fournisseur officiel des bas de l’Empereur d’Autriche, ce qui lui procura quelques avantages sociaux et matériels, notamment celui de pouvoir réunir sous son nom un catalogue de plus de vingt opéras, de quantité d’œuvres religieuses, trente-trois symphonies, trente-sept ouvertures, trois ballets, un concerto pour flûte, cinquante-sept trios, et soixante-douze quatuors, dont neuf avec hautbois. Le présent enregistrement en propose cinq, complétés par une Cassation pour deux cors anglais, basson et deux cors. Que l’on ne s’attende pas à découvrir ici des œuvres d’une ébouriffante nouveauté, mais soyons plutôt sensibles à un artisanat de belle facture enrichissant sensiblement le répertoire du hautbois classique. Le toujours jeune octogénaire Lajos Lencsés, qui fut jadis élève d’Étienne Baudo puis de Pierre Pierlot, possède cette sonorité française fruitée et ce souffle délié qui confèrent aux œuvres de Gassmann un charme facile auquel il est difficile de résister. Accompagné de vents et de cordes talentueux, le vétéran hautboïste hongrois signe là un disque de jeune homme, qui marque une étape intéressante du développement de la littérature pour son instrument. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)

From today's perspective, Florian Leopold Gaßmann (1729-1774) falls into one of those time gaps that, like black holes in the universe of art, threaten to swallow up everything that cannot be easily assigned to an era in retrospect. And this despite the fact that the German from Bohemia was anything but a minor master of music notation during his lifetime and for several decades thereafter, both in Italy, where he began his actual career, and in Austria, where shortly before his untimely death he was appointed imperial court conductor: his operas were in such demand on both sides of the Alps that Gaßmann really did not have to worry about making a living, and his instrumental music was also distributed widely, mostly in the form of copies. This production cleverly combines the two main areas of his activity, for the two quintets for oboe and strings recorded here are arrangements of some particularly popular arias from the successful opera Amor und Psyche, while other light music undoubtedly belonged to the "occasional works" that the "court and chamber composer" of Joseph II. These are all extremely beautiful-sounding, imaginative and varied creations, which are coming to life under the umbrella of the now legendary master oboist Lájos Lencsés and, thanks to their colorfulness, will no longer have to fear a black hole.