 Le piano était le confident de Fauré, auquel il confiait son goût pour les harmonies toujours mouvantes, fuyant le pittoresque et la grande forme, dans des pages tour à tour rêveuses et nerveuses. Dans cet album, le pianiste néerlandais multirécompensé Hannes Minnaar a sélectionné des œuvres de différentes périodes de la carrière de Fauré, des romances sans parole (composées vers 1863), du 1er nocturne (1875) au 13e nocturne, composé en 1921. Il nous permet ainsi d'apprécier l'évolution du style de Fauré, des premières pièces élégantes, dans la lignée de Chopin et de Saint-Saëns, jusqu'au style plus dépouillé, plus sobre, dramatique et harmoniquement audacieux de ses dernières compositions. Les neuf préludes op. 103 sont parmi les œuvres pour piano les moins connues. Les dernières pièces, exprimant une alternance de colère et de résignation (la surdité de Fauré est alors totale), sont moins prisées des pianistes que les premières. Hannes Minnaar, se jouant des difficultés techniques, sait parfaitement mettre en lumière les évolutions stylistiques. Son toucher, aérien, onirique dans les premières barcarolles et nocturnes, évoque la harpe. Il se fait plus percussif dans les Thèmes et variations en Do majeur op. 73, une des pièces pour piano les plus longues du corpus. Mais toujours aussi sensible, poétique et virtuose. Sans aucun doute, un album qui fera date, et passionnera les nombreux amateurs de Fauré. (Marc Galand)  Pour son troisième disque, le pianiste néerlandais nous propose un voyage dans l’univers fauréen, des toutes premières partitions comme les Romances sans paroles (Fauré a moins de vingt ans) jusqu’au 13e et dernier Nocturne, au crépuscule de la vie du musicien, alors âgé de 76 ans. La transformation du “paysage” sonore de Fauré s’accomplit progressivement, le langage déjà si personnel évoluant vers une complexité harmonique de plus en plus remarquable. Hannes Minnaar interprète ces pièces sans fard, dans un jeu presque épuré. Même dans les partitions qui revendiquent leur appartenance à la musique dite de “salon” (terme nullement péjoratif), le pianiste n’ajoute aucun effet, aucune expression qui ne soit pas explicitement mentionnée. La démarche est juste, un peu froide parfois comme dans le premier et le septième nocturnes (le treizième est très réussi) alors que la Barcarolle scintille avec beaucoup de naturel. Pourtant, le piano ne cesse de chanter, y compris dans l’exposition du Thème de l’op. 73. Les variations qui suivent sont doucement développées avec beaucoup d’élégance. Le toucher ciselé et délié (Impromptu n° 5) rend hommage à une certaine tradition française d’avant-guerre. Parfois, on aurait aimé davantage de chaleur expressive, notamment dans les Neuf Préludes. Il est bien venu de refermer ce récital par la si charmante Romance n° 3 de 1863. L’art de la mélodie s’impose définitivement avec un charme unique. Hannes Minnaar, un pianiste à suivre. (Jean Dandrésy)  Thirteen Nocturnes and as many Barcarolles form the core of the collected output of Gabriel Urbain Faure for the piano. Night-time meditations, then, along with inspiration drawn from rippling water (the origins of the barcarolle lie in the songs sung by Venetian gondoliers and the word itself comes from the Italian ‘barca’, a boat.) Along with some impromptus, preludes and other works, one might rapidly gain the impression of a delightful collection of salon music, whose titles may actually display the influence of Chopin. But this music is so very much more than pretty salon music. In the intimacy of these genres, Faure succeeded time and again in nothing short of exposing his very soul. And the French composer’s style is entirely his own- original and personal- from the first note to the last.Hannes Minnaar received international acclaim after winning several international competitions and being awarded a Borletti-Buitoni Trust Fellowship. His two prior solo album.
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