Dvorák Concerto pour piano - Quintette pour piano n 2 Richter Borodin Quartet Smetacek

Ce CD au minutage très généreux est une aubaine. L’immense Sviatoslav Richter, né à Jytomyr (Ukraine) en 1915, mort à Moscou en 1997, a laissé une quantité assez incroyable d’enregistrements, en majorité des prises de concert, mais ne s’est jamais soucié de s’attacher à un éditeur en particulier, en dehors du label officiel naguère soviétique Melodia. Ce qui veut dire que le même enregistrement peut avoir été disponible sous plusieurs labels. C’est ce qui se passe avec les deux œuvres de Dvorak éditées ici par le label britannique Alto, spécialisé dans la réédition de disques réalisés en Russie et en Europe de l’Est. Le concerto pour piano, l’unique œuvre concertante pour le clavier de Dvorak, n’est pas une rareté, mais il n’a jamais égalé la notoriété de ses contemporains de Grieg ou Tchaikovski par exemple. Sviatoslav Richter joue ici la version princeps de l’œuvre, qu’il trouvait extraordinairement difficile. Cette version captée à Prague en 1966 sous la baguette du grand Vaclav Smetacek bénéficie des couleurs des bois tchèques, de la densité des cordes pragoises. Richter s’y ébroue à son aise. Ce qui sera moins le cas dix ans plus tard avec un partenaire nettement plus prestigieux, Carlos Kleiber et l’orchestre de l’opéra de Bavière (EMI), les deux génies, du piano et de la baguette, ayant eu du mal à pleinement s’accorder. Le 2ème quintette pour piano de Dvorak est, avec les derniers quatuors pour cordes, le chef-d’œuvre incontesté de la musique de chambre du compositeur bohémien. Celui-ci puise largement dans un matériau thématique populaire, où se mêlent rythmes endiablés et effusions d’une intense nostalgie. Richter et les Borodine ont donné plusieurs fois l’œuvre en concert (de même que le 1er quintette). Ils ont peu de concurrents dans la discographie pourtant d’une extrême qualité de ces œuvres. Le label britannique Alto a eu vraiment la bonne idée de coupler ces deux œuvres, autour de la personnalité de Sviatoslav Richter. Un indispensable de toute discothèque ! (Jean-Pierre Rousseau)