Gaetano Donizetti (1797-1848)
Quatuor à cordes n° 15 en fa majeur
Quatuor à cordes n° 17 en ré majeur
Quatuor à cordes n° 18 en mi mineur

Quartetto Delfico

Mauro Massa, violon
Andrea Vassalle, violon
Gerardo Vitale, alto
Federico Toffano, violoncelle

Dans le n° 113 de Clic Mag j’ai déjà rappelé que Gaetano Donizetti, pas tout-à-fait aussi prolifique que Carl Czerny, né la même année que Schubert et décédé à 51 ans à peine, composa toutefois 71 opéras, 13 symphonies, 18 quatuors, 3 quintettes, un concerto pour cor anglais, une sonate pour hautbois et piano, 28 cantates, et 115 autres compositions religieuses, sans compter un nombre important de pièces de salon… Disciple à Bergame de Mayr, puis à Bologne du Père Mattei, il bénéficia du mécénat d’Alessandro Bertoli, violoniste lui-même, qui l’introduisit à la connaissance des quatuors de Haydn, Beethoven, Mozart, Reicha, ou Mayseder. Donizetti italianise alors en quelque sorte la forme germanique d’un genre qui ne fit toutefois guère florès au pays des Duchés transalpins. Après l’unification du Royaume d’Italie (17 mars 1861), seuls Pacini, pour six œuvres (1860-1863), Verdi, pour un exemplaire, et Puccini (I Crisantemi) se risquèrent notablement à cette forme. En parallèle à l’entreprise intégrale en cours du Quatuor Mitja pour Urania Records, à côté des sélections plus ou moins étendues proposées par le Kölner Pleyel Quartett, le Revolutionary Drawing Room (CPO), le Quartetto Bernini (Tactus), le Quartetto Amati (Dischi Ricordi), c’est un nouveau quatuor italien, les Delfico, soucieux depuis 2013 d’honorer la tradition méconnue des quatuors de compositeurs italiens, qui propose l’enregistrement des quinzième, dix-septième et dix-huitième œuvres de cette série, c’est-à-dire des œuvres ultimes en ce genre de Donizetti, composées entre 1823 et 1825. Les quatre instrumentistes rivalisent ici d’entrain et d’esprit pour restituer à ces œuvres des qualités lyriques et spirituelles qui leur furent longtemps déniées et auxquelles il est difficile de résister : essayez par exemple le Minuetto Presto du 17e Quatuor ou l’Adagio tourmenté et dramatique du 18e auquel succèdent un pétulant Presto et un Allegro giusto délicieusement paré des surprises harmoniques et rythmiques caractéristiques d’un Haydn qui aurait flirté avec l’esprit bergamasque. Vous serez convaincu. Acquisition vivement recommandée. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)

Knowing where to drop the needle on the string quartets of Donizetti presents more of a challenge than exploring the lasting treasures of his vast catalogue of operas, where posterity has already established a pecking order with Lucia di Lammermoor at its head. But Donizetti was more than a pioneer of bel canto, and the Quartetto Delfico present new recordings of three of the later and most richly developed examples of his mastery as a chamber-music composer, which sound no less assured and distinctive than his works for the stage. The opening movement of No. 15 in F major plays teasingly with the famous opening melody of Mozart’s Symphony No. 40 (much as Shostakovich did in the finale of his Second Violin Concerto, a century and a half later), draining it of anxiety and infusing a bright-eyed joie de vivre instead. This sunny mood spills over into the lyrical Andante. Haydn would no doubt have smiled at Donizetti’s ingenuity in developing the material for the Minuet from little more than the open strings of the ensemble, and the finale’s introduction springs a surprise worthy of the older master of the string quartet, turning unexpectedly to the minor and then racing off with the visceral drama of an act-finale from one of his operatic tragedies. Nos. 17 and 18 are both even more substantial and compelling works in their ways, composed in 1825 and 1836 respectively; the first movement of No.18 in E minor was later reused in the opening sinfonia of Linda de Chamounix in 1842. They continue to refine Donizetti’s Haydnesque inclination towards economy of means and singularity of gesture. The first movement of No.17 creates a terse drama from thematic questions and answers, and its ostensible D major key is continually belied by harmonic stress and strain. Finally, in No.18, Donizetti fully embraces the potential for the quartet as a medium of musical tragedy as potent as any abandoned heroine. This is a half-hour piece as ambitious and surprising as any of the mature quartets by his great predecessors in the medium, notable not just for an extended slow movement but also the nervous energy of its minuet.