 Des recherches récentes lèvent peu à peu le voile d'oubli qui entourait Diogenio Bigaglia, compositeur estimé de son vivant, mais relégué par l'histoire dans l'ombre de ses grands contemporains vénitiens, les Albinoni, Marcello, Vivaldi. Né en 1678 dans une famille de miroitiers de Murano, île de la lagune de Venise, Antonio Bigaglia prend le prénom de Diogenio quand en 1700 il est ordonné prêtre dans le rigoureux ordre monastique des bénédictins, au monastère de San Giorgio Maggiore à Venise, dont il devient prieur en 1713, conférant ainsi à sa famille un certain prestige social. Il meurt à Venise en 1745. Son œuvre comprend des œuvres tant sacrées que profanes, telles les douze sonates pour violon seul qui sont gravées simultanément aux douze cantates pour soprano et basse continue qui font l'objet de cet album. Ces cantates sont extraites pour la première fois d'un manuscrit conservé à Naples, qui comprend aussi des œuvres anonymes ou attribuées à d'autres compositeurs. L'argument de ces cantates est amoureux, avec un fréquent recours aux lieux communs littéraires de l'amour sans retour, des menaces de vengeance et de suicide...Ce climat expressif est tempéré par une ambiance pastorale : La nature assume un rôle de refuge, de confident ou de consolateur pour l'amoureux malheureux. Cet environnement naturel suscite une écriture musicale simple et élégante, adaptée à l'expression des « affetti » musicaux, et visant à toucher les cordes affectives profondes de l'auditeur. D'un point de vue formel, ces cantates en trois ou quatre mouvements alternent classiquement airs et récitatifs ; l'écriture est sans particularité notable au regard du style de l'époque. Pourtant, certaines heureuses trouvailles mélodiques sont susceptibles d'avoir intéressé – sûrement – Vivaldi, mais aussi, peut-être, Bach. Même si l'on peut être gêné, par moment, par un usage excessif du vibrato, la voix légère, fraîche et limpide comme une eau de source de la soprano Tullia Pederlosi, donne tout son éclat au charme élégant de ces cantates. Tullia Pederlosi est également la musicologue qui signe la notice de cet album-découverte. (Marc Galand)  Diogenio Bigaglia, a composer who at present is unknown to most people, was active in Venice in the first half of the eighteenth century, so he was a contemporary of the much better known Tomaso Albinoni, Alessandro and Benedetto Marcello, and, above all, Antonio Vivaldi, whose work shows several evident– and more or less explicit – references to Bigaglia’s production. So he turns out to be a composer who is worthy of interest not only for the intrinsicmusical worth of his works, but also for the influence his activity may have had on musicians with whom we are more familiar; this is why musicologists have recently started showing an increasing interest in him. The selection of cantatas presented here is performed by the voice of soprano Tullia Pedersoli that skillfully interprets the musical ‘affetti’ proposed by the simple and elegant style of the composer, who in some points even seems to have provided some cues to Johann Sebastian Bach that, as known, deeply studied Italian and Venetian. All the cantate are about love, and frequently resort to the literary topoi that are typical of this genre.

|