Dietrich Fischer-Dieskau aimait la musique française, au point qu’il aura écrit son livre sur Debussy, jamais traduit chez nous . Avec Hartmut Höll, en 1983, il grava un plein disque Ravel assez admirable, commençant dans le rare (Un grand sommeil noir), détaillant dans les magies d’un timbre allégé par l’âge les Clément Marot et les Jules Renard (il faut entendre le cri de son Paon !), allant très loin (et parfois un peu contre l’esthétique ravélienne) dans les veines populaires, grecques ou internationales. Formidable Don Quichotte, on s’en doute, et plus encore lorsqu’il étoile le ciel pour Dulcinée que lorsqu’il trébuche dans l’ivresse. Pourtant le plus beau de ce disque devenu rare, reste le diptyque de Ronsard à son âme, dit simplement, et du troublant Rêve qu’il murmure dans une fluide nostalgie où le poème de Fargue se fond dans les notes. Suit un disque Hindemith parfait, et déjà historique car peu en dehors de Fischer-Dieskau, auront herborisé dans ce corpus important dont on ne retient que la Marienleben (qui n’est pas pour les barytons de surcroit), et qui de facto sera le prélude à une anthologie des modernes composés de trois monographies. L’album Fortner dévoile des Shakespeare tourmentés et éloquents, des Neruda, mais le plus saisissant parmi les cycles sont les Vier Gesänge nach Worten von Hölderlin où diction et chant s’unissent dans une même ligne, définition même de l’art de Dietrich Fischer-Dieskau. Pour les volumes Reutter et Reinmann (avec pour l’un et l’autre Reinmann au piano), il s’associera Doris Soffel pour le premier et le Quatuor Cherubini pour les Byron du second. Que trouvera-t-on dans le 4e Volume ? Orfeo ira-t-il chercher dans les archives du baryton les Goethe de Busoni avec orchestre (Mehta dirige !), reprendra-t-il à Warner les Orchesterlieder de Pfitzner avec Sawallisch, jamais reparus en CD ? Julia Varady pourrait y aider. (Jean-Charles Hoffelé)

Even a quarter of a century after the end of his active career as a singer, nothing has changed concerning Dietrich Fischer-Dieskau’s preeminent status in the history of performing song. It is above all the Lied performer Fischer-Dieskau who set standards that have remained valid far beyond his time. The anthologies compiled in Vol. 3 of the Dietrich Fischer-Dieskau Lied-Editon testify to the singer’s enduring curiosity and to his responsibility towards the history of the present genre.In conjunction with Hartmut Höll, his favourite accompanist in later years, Dietrich Fischer-Dieskau presents a highly attractive programme. There are songs by Maurice Ravel, which only sporadically appear in concert halls outside France (Disc 1). And although song does not play a dominant role In German composer Paul Hindemith's oeuvre (Disc 2), in this recording, a major role in the natural, haunting interpretation of the songs is provided by accompanist Aribert Reimann, who had composed the four-movement cantata Unrevealed for Fischer-Dieskau only a few years earlier (Disc 5). It was also in co-operation with Aribert Reimann, who headed a song class in Berlin, that the anthologies devoted to Hermann Reutter (Disc 4) and Wolfgang Fortner (Disc 3) were compiled and that complete our edition.