Paul Hindemith (1895-1963)
Le démon, op. 28, ballet-pantomime en 2 tableaux
Kammermusik n° 1, op. 24/1, pour petit orchestre
Kammermusik n° 2, op. 36/1, pour piano et orchestre
Hérodiade, récitation orchestrale d'après l'œuvre de S. Mallarmé

Gisela Zoch-Westphal, récitation
Florian Henschel, piano
Ensemble Varianti
Dietrich Fischer-Dieskau, direction

On célèbre cette année le centenaire de Dietrich Fischer-Dieskau, mais en 1995 le baryton se dévouait à celui de Paul Hindemith dans le cadre du Festival de Schwetzingen. Concert au Château, le baryton renouant avec ce qui fut l’autre passion de sa vie de musicien, la direction d’orchestre. Varianti, un petit ensemble issu des forces de la Radio de Stuttgart, lui inspire un programme de raretés : la guère enregistrée récitation orchestrale d’Hérodiade commanderait à elle seule d’acquérir l’album d’autant que Gisela Zach-Westphal y est fabuleuse. Pourtant ce seront les Kammemusik qui retiendront d’abord l’attention, le Concerto pour piano masqué de la première abonde en surprises, la deuxième est simplement irrésistible, Dietrich Fischer-Dieskau ardant les audaces d’un orchestre bourré d’épices : jamais Hindemith ne fut si proche de la suractivité d’un Schulhoff. Dans la même veine façon enfant terrible, la pantomime du "Démon" est emportée par cette direction où le souffre la dispute à l’ironie, partition plus repérée mais souvent jouée trop carrée : Varianti la rend à la danse. (Discophilia Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

Le pianiste Sviatoslav Richter projetait avec le baryton Dietrich Fischer-Dieskau de commémorer le centenaire de la naissance de Paul Hindemith (1895). Le baryton par fidélité à Richter, décédé depuis, dirige ici, en 1995 au festival de Schwetzingen, quatre œuvres choisies. Deux « concertos de chambre » (les Kammermusik) dont l’un pour piano et deux mélodrames (Richter devait tenir la partie de piano). Deux facettes du grand musicien allemand : l’une expressionniste, l’autre néoclassique. Les deux mélodrames nous plongent dans l’effervescence expressionniste des années vingt. Hérodiade d’après Stéphane Mallarmé se présente sous forme de dialogue entre Hérodiade et sa Nourrice mais le traitement du compositeur (une seule récitante) en révèle toute l’ambiguïté (la Nourrice ne serait elle que le reflet d’Hérodiade ?). Der Dämon (1922) est une pantomime dansée en deux tableaux d’après Max Krell. Scénario que n‘aurait pas renié Sacher-Masoch, deux sœurs tourmentées par un démon (intérieur ?). Les deux Kammermusik sont des Gebrauchmusik : pièces instrumentales d’usage domestique. Musique d’ameublement certes mais d’un intérêt toujours constant grâce au métier du compositeur de toujours se renouveler à partir de formes convenues. Chez Hindemith, grand contrapuntiste, la déclamation est tout autant instrumentale que vocale. Chaque timbre et chaque pupitre participent au discours. Idem pour la multiplicité des voix. Tout est dialogue. A la tête d’un orchestre light (l’ensemble Varianti), Dietrich Fischer Deskau peaufine les partitions. En bon chanteur diseur, attentif à accompagner sa récitante au plus près (Gisela Zoch-Westphal ténébreuse), il exprime tout le suc narratif des mélodrames. A contrario, les œuvres instrumentales menées avec la même probité souffrent peut-être d’un manque de débraillé et d’élan. (Jérôme Angouillant)

Paul Hindemith is a son of the people. Even as a child he was confronted with the seriousness of life. Not that this does one any harm. What he lacked in terms of sunshine, he made up for in energy, in the inestimable power of his implacable self-discipline. At first glance this self-discipline is all that explains his mastery of technical expression, an accomplishment that must be considered remarkable given the story of his youth. Yet this self-discipline tells us more: it allows us to understand why certain mellowing lyricisms are absent from his works; why a prickly wit often takes the place of sentimental outpourings; why the complexion of his music does not gleam and glisten, but rather gives prominence to muted Rembrandt colours; and, finally, why he builds up his movements by honest means instead of resorting to unmanly improvisation.