Conradin Kreutzer (1780-1849)
Der Taucher (Le Plongeur), opéra romantique en 3 actes

Sarah Wegener, soprano (Alphonsine)
Philipp Mathmann, contreténor (Ivo)
Daniel Schmid, ténor (Antonio)
Johannes Hill, baryton (Lorenzo)
Pascal Zurek, baryton (Alphonso)
Barbara Stoll, récitante
Stuttgarter Kammerchor
Hofkapelle Stuttgart
Frieder Bernius, direction

Carus fait oeuvre patrimoniale au service de l'art lyrique germanique en rescucitant "Der Taucher" (Le Plongeur). Ceux qui voudront bien tenter l'aventure de ce conte médiéval comprendront à la fin (heureuse) de l'oeuvre le sens de ce titre pour le moins inhabituel. Et bonne nouvelle, c'est Frieder Bernius qui tient la baguette, jusqu'alors plus familier des grandes fresques chorales de Zelenka à Mendelssohn que de la muse légère. Pas si légère que ça en l'occurrence, puisque Conradin Kreutzer, resté célèbre pour son "Nachtlager in Granada", se voulait compositeur d'opéra, objectif qu'il poursuit ici sans avoir tout à fait l'imagination musicale ni la maîtrise technique pour y parvenir. De là cette oeuvre courte (une heure à peine) dont le charme procède d'abord de son caractère inclassable : on est aussi éloigné de l'insouciance pétillante mais vaguement mélancolique de l'opérette viennoise, "Chauve souris" en tête que du poids dramatique du "Freischütz". Le chef prend cette partition au sérieux et en restitue la cohérence en faisant oublier les hésitations stylistiques et dramatiques du compositeur, mais le Kammerorchester de Stuttgart sonne malheureusement un peu trop étriqué pour trouver un véritable équilibre avec les voix des solistes, dignes du grand opéra romantique, sans parler du choeur, une Hofkappelle de Stuttgart au somptueux velours. L'essentiel des numéros est dévolu au couple Alphonsine (soprano) / Ivo (soprano également, rôle tenu ici par un contre-ténor), mal ou plutôt pas assorti puisque les timbres relativement proches des deux solistes ne permettent ni confrontation, ni jeux de couleurs. On regrette que les interventions des voix masculines soient si courtes tant les solistes sont excellents. Au final, la frustration ne vient pas du haut niveau d'accomplissement musical de ce très beau disque, mais de l'incapacité du compositeur à développer aux dimensions classiques d'un opéra un sujet pourtant en or. (Olivier Gutierrez)

Konradin Kreutzer wrote his opera "Der Taucher" for the Stuttgart court theatre. Many years after the Stuttgart premiere in 1813, Kreutzer reworked the work for Vienna. Subsequently, this version was always performed. A recording of the original version is now available for the first time. Under the direction of Frieder Bernius, the Kammerchor and Hofkapelle Stuttgart perform this operatic rarity together with Sarah Wegener and Philipp Mathmann (both soprano). After 200 years, a composer whose trademarks are catchy, lyrical melodies and colourful instrumentation will be brought to life once again.