Christopher Tyler Nickel (1978-)
Requiem

Catherine Redding, soprano
Northwest Sinfonia
Clyde Mitchell, direction

Le "Requiem" du Canadien Christopher Tyler Nickel de 2019 est une œuvre placée sous le sceau de la contemplation, du recueillement et de la communion ; une œuvre intimiste et sereine dans laquelle l’auditeur est immergé dans une réflexion émotionnelle constante. La musique limpide évolue tout au long des dix-neuf parties du texte liturgique sans surcharge ni grandiloquence. Ainsi le "Dies Irae" et le "Tuba Mirum", séquences se prêtant d’ordinaire à des effets sonores spectaculaires, sont ici d’une grande retenue, sans emphase. Tout est fluide et serein, évocateur du plain-chant médiéval dans une écriture homophonique. Le "Requiem" est joué par un petit orchestre de chambre (hautbois, cor anglais, deux cors d’harmonie et cordes) sans percussion, un chœur et une soprano. Catherine Redding, déjà soliste dans l’immense "Évangile selon Marc" de Tyler (sept heures de musique), sait transmettre de sa voix mesurée toute la spiritualité contenue dans cette réflexion sur la mort et l’au-delà. Une œuvre apaisée et communicative, séduisante dès la première note et à écouter les yeux fermés ! (Gérard Martin)

Initialement pour soprano et un effectif choral et orchestral d’envergure, Christopher Tyler Nickel a revu la partition de son Requiem quelques années plus tard après la composition de sa monumentale « Évangile selon Marc », oratorio de sept heures sorti chez AVIE en 2023, lui faisant bénéficier de ses réflexions sur l’orchestration. Il utilise ici quasiment le même type de formation réduite : un hautbois, un cor anglais, deux cors et un ensemble de cordes. De même que dans son oratorio, il reprend la liturgie intégrale du requiem. L’écriture chorale principalement homophonique, le plus souvent renforcée de la même manière par l’orchestre, et ses mélodies à l’ambitus restreint fait penser à un plain-chant à la couleur moyenâgeuse actualisée dans lequel s’insère une polyphonie mesurée et subtile. Le jeu sur les registres de voix et d’instruments engendrant des couleurs enrobantes tant lumineuses que mélancoliques, voire sombres, toujours touchantes, l’habile et délicat traitement asymétrique du rythme, les cellules répétitives et les accentuations, les harmonies claires aux teintes changeantes, les caractères des différentes pièces et leur accessibilité esthétique confèrent à l’œuvre une force émotionnelle et spirituelle, une clarté et une limpidité solennelle qui rendent cette composition prenante, entre intensité divine et illumination céleste, touchant à notre intimité mystique. (Laurent Mineau)