Alors que je croyais les marges du clavecin français fouillées in extenso par les claviéristes, voici que Fernando de Luca révèle l’œuvre de Christophe Moyreau. Né et mort à Orléans, chantant gamin dans la maitrise de Cathédrale avant d’en tenir les orgues, claveciniste brillant, comment expliquer qu’il resta loin de tout grands centres musicaux, n’osant pas même gagner Paris ? Ses Suites, belles à force de simplicité, montrent un langage encore pris dans le Grand Siècle pour la pureté des lignes, mais jouant aussi la carte du tendre du XVIIIe, portraits à la Couperin alternant avec des danses souvent stylisée. L’écriture polyphonique, modeste au Premier Livre, gagnera à mesure, enrichissant le vocabulaire stylistique, rappelant que Moyreau était d’abord de pratique, d’usage, un organiste. Plus surprenant, un petit concert narratif (Le Purgatoire), des Sonates, des Sinfonias et des Concertos, une pièce descriptive commencée sur un ostinato (Les Cloches d’Orléans) élargissent le lexique expressif d’un compositeur qui sort enfin de la poussière des bibliothèques. Merci à Fernando De Luca, interprète probe et attentif faisant entendre toutes les richesses d’un beau Caponi d’après Blanchett, de lui avoir donné cette chance. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) A la différence de nombre de ses grands contemporains claviéristes « montés » de Rouen ou de Dijon à Paris pour y trouver la gloire, Christophe Moyreau (Orléans,1700-Orléans, 1774) est resté fidèle à sa ville natale. Il y fut titulaire de l'orgue de la cathédrale Sainte-Croix, et, pendant que celui-ci était en travaux de réfection, composa, à l'attention du régent mélomane Philippe d'Orléans, six livres de pièces pour clavecin, qui ne seront tous publiés qu 'en 1753, soit bien après la mort du régent. C'est sans doute à cause de cet attachement à Orléans, et de sa discrétion (peu de certitudes dans sa biographie) qu'il est resté dans l'ombre de ses grands confrères claviéristes. Et pourtant, quelle qualité, quelle variété, quelle originalité d'inspiration dans ces 126 courtes pièces : Airs de danse, « concertos », sonates, « symphonies », ouvertures...Quelle fantaisie, quelle énergie, quel dynamisme, quelle poésie ! Il était temps qu'elles soient enfin, dans leur intégralité, éditées au disque. Le claveciniste italien Fernando De Luca, qui nous a déjà régalés de l'oeuvre complète pour clavecin de Haendel, et du récemment redécouvert « Manuscrit de Bergame » (Haendel ? William Babell?) rend pleinement justice à cette musique méconnue mais qui saura vous charmer. (Marc Galand) The first-ever survey on record of the complete surviving output by a significant contemporary of Rameau: a missing piece in the jigsaw of the French Baroque. Christophe Moyreau (1700-1774) was born and died in the city of Orleans, and perhaps one reason why he never attained the fame of contemporaries such as Couperin and Rameau was that he never occupied posts in the French capital. Too much of his career is still shrouded in mystery, but he listed his occupation as ‘organist’ in the marriage register of his home church in 1726 – becoming father to 11 children over the next 18 years – and at some point he became titular organist at the important Church of Saint-Aignan before taking up the post as organist of the cathedral in 1737. It seems to have been the lengthy restoration of the cathedral’s organ which prompted Moyreau in 1753 to gather together much of his previously composed music into six books of Pièces de clavecin. He published them in two volumes during a lengthy period of what would otherwise have been enforced inactivity; he also wrote and issued a small but influential teaching manual in the same year. The 126 separate pieces in the six books are remarkably varied in style but consistent in quality of invention. There are dances and character-pieces,organised into long suites, but also standalone overtures, sonatas and a solo concerto. The last of the suites concludes with a grand evocation of the bells of Orleans which has become his best-known work. The second volume includes six ‘simphonies’ for harpsichord, also recorded here by Fernando de Luca, making this set by far the most comprehensive collection of Moyreau’s music ever released. The experienced Italian harpsichordist, Fernando De Luca, most recently won much critical praise for his equally groundbreaking survey of Christoph Graupner’s harpsichord music, on a 14CD set for Brilliant Classics (96131).
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