 DSCH (ré-mi bémol-do-si), en référence à Bach, qui a parfois utilisé son propre thème (si bémol-la-do-si bécarre), Dmitri Chostakovich a souvent employé ce motif comme monogramme musical. Qu'il exprime une démoniaque rafale colérique comme dans son premier Concerto pour violon, ou le triomphe tapageur sur Staline dans sa dixième Symphonie, voire la tragédie de sa propre vie comme dans son huitième Quatuor 1960, cette signature, ou plutôt ce monogramme, ne figure-t-il musicalement que dans les œuvres importantes à ses yeux ? Le motif DSCH révèle-t-il un sens caché ? Est-il une clé valide et suffisante pour l’interprétation ? Est-il garant d’une certaine authenticité ? La réponse, ouverte, se trouve sans doute dans la ductilité qui est l’essence même du motif musical : le DSCH peut être transposé, varié, dissimulé, proclamé. Il est à la fois la preuve de l’implication du compositeur, et la marque d’un point de vue distancié, le symbole même de l’ambiguïté inhérente à la personnalité paradoxale de Chostakovitch. Voilà qui peut guider dans l’audition des superbes interprétations de l’Eliot Quartet qui s’est fait une spécialité des quinze quatuors composés par Chostakovitch sur le projet initial d’en écrire vingt-quatre… Entre le troisième en Fa majeur de 1946 et, précisément, le huitième, le Quatuor Op. 89 de Krzystof Meyer, « Au-delà d’une absence » est un point problématique car, si l’engagement y demeure l’ironie s’en éloigne. De l’opus 110 de Chostakovitch, on ne saurait toutefois mieux dire que Grégoire Tosser « L’hommage à Beethoven, tel que désiré par le compositeur, s’insère dans l’univers propre à Chostakovitch, celui de la tonalité élargie – accueillant des allusions dodécaphoniques – qui serait un réceptacle postmoderne adéquat pour un ultime rapport d’étape citationnel, un flash-back crépusculaire où viendraient se condenser, s’agréger et s’épuiser les réminiscences musicales des affinités électives ». Interprétations ad-mi-ra-bles. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)  In their latest GENUIN album, the Eliot Quartett pays homage to one of the 20th century’s greatest composers. Shostakovich’s String Quartets Nos. 3 and 8 are paired with “Au-delà d'une absence“ by Krzysztof Meyer, a poignant tribute from a composer who personally knew the Russian master. The Eliot Quartett, one of the leading ensembles on the international stage, is dedicating itself to an in-depth exploration of Shostakovich’s oeuvre in commemoration of the 50th anniversary of his passing. Their album, performed with the highest artistry, stands as a powerful testament to this endeavor: playing that is clear, transparent, and yet profoundly intense, bringing both Shostakovich’s originals and Meyer’s touching and personal homage to life.
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