 Avec son célèbre sens de la publicité, Telemann annonçait en 1733 leur publication imminente : ces Fantaisies contiendraient "des fugues et des galanteries", c'est à dire des morceaux d'un style démodé, et d'autres du nouveau genre français dont s'entichait alors la bourgeoisie allemande. Telemann s'y présentait en "grand amoureux de la musique française". De nombreux documents d'époque mentionnent ces suites. Las ! Ces partitions avaient disparu, et les praticiens de la viole de gambe désespéraient de les voir reparaître un jour. Ce n'est qu'en 2015 qu'elles furent exhumées. Ce qui a alors frappé la violiste madrilène Sara Ruiz, c'était le nombre de références musicales à d'autres compositeurs, comme Carl Friedrich Abel, Carl Philip Emanuel Bach, et leur style "sentimental", et d'autres périodes ou styles nationaux, comme le style "galant" des maîtres français contemporains et celui "classique" de Corelli. Sara Ruiz, tout en mettant en lumière, dans une sonorité douce et chatoyante, la variété des tons, des ambiances, des tempos, des couleurs, ne craint pas de faire de chacune de ces « fantaisies » un petit drame, une histoire passionnante. Un enregistrement qui fera date. (Marc Galand)  Dans la famille des fantaisies pour instrument solo de Georg Philip Telemann : il y a celles pour violon, celles pour flûte, celles pour clavecin qui sont largement documentées par le disque. Voici donc, redécouvertes depuis 2015, celles pour Viole de Gambe. Du point de vue de la forme, on y perçoit l'influence déterminante de Bach dont les œuvres similaires restent un modèle de polyphonie et de contrepoint. Les autres influences sont la musique française que Telemann adorait, le style galant de Carl Friedrich Abel, l'Empfindsaimer Stil cher à Carl Philipp Emmanuel Bach et parfois quelques réminiscences italiennes (Corelli). Ces douze Fantaisies n'ont qu'une contrainte : la forme en trois mouvements (sauf la première) mais l'esprit est dans l'improvisation, l'avancée et la ductilité du discours même si le compositeur utilise des formes traditionnelles (fugue, imitation, rondo...) des danses, des mélodies populaires, des emprunts ("L'écho du Danube" de Schenk) et même des figures rhétoriques (Saltus duriusculus, Syncope). Un génial fourre-tout. Nonobstant la constante qualité d'inspiration qui parcourt ces œuvres, le compositeur, aidé ici d'une interprète hors pair (formidable Sara Ruiz) exploitent les multiples ressources d'un instrument merveilleux qui eut jadis son heure de gloire. (Jérôme Angouillant)  Telemann's Fantasias represent the most important current discovery in the gamba repertoire and are destined to become one of the cornerstones of the repertoire. The compositions, full of musical references to many different styles, are a compendium of how Italian and French influences permeated the purely German language to create a specific style, but it is also an example of visionary creativity, as Telemann anticipates many structural elements that define what will become the galant or pre-classical style. Moreover, using the genre Fantasia, Telemann shows us a portrait full of audacity, freshness and compositional freedom hitherto unknown. Sara Ruiz plays on an anonymous viola da gamba dated around 1700. Her performance and interpretation are different from all the others which have been recorded so far: she chooses to emphasize the rotundness and the beauty of the tone, while her technical skills allow her to create a drama which is absent from most of competitors' accounts. She conveys a great variety of tones, moods, tempos and colours. She does not hesitate to make use of a nice legato where a pleasant melody is encountered: she makes her instrument sing almost like a voice. With her, each Fantasia tells a story, every time a particular and thrilling one.

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