Quatrième volume que Stanislaw Maryjewski consacre à ce Lillois, contemporain de Louis Vierne, rarement joué et enregistré, si ce n’est un récent et remarquable album de Denis Tchorek chez le label Hortus. Charles Quef succéda à son maître Alexandre Guilmant à la tribune parisienne de La Trinité, pendant trois décennies, avant de passer la main au jeune Olivier Messiaen. Diverses influences s’expriment dans sa musique, celle de son autre professeur Widor, mais aussi d’une frange germanique, incarnée par Siegfried Karg-Elert dont les Pièces de caractère cultivent le même pictorialisme, aux lignes claires, attentif aux timbres. « Il y a de la mélodie, une excellente écriture et un sentiment poétique, qui ne se trouve pas toujours dans la musique d’orgue » disait Guilmant de son confrère leipzigois : semblable compliment s’adresserait à Quef. Une polyphonie commode et fonctionnelle n’empêche pas d’humer les délicats parfums de terroirs émanés d’une Communion sur un vieux Noël français. Une harmonie plus dépouillée que les chromatismes franckistes ne dissuade pas de s’imprégner de la tendre émotion qui se décante d’un Andante op. 19. La construction recourt volontiers au canon, notamment dans un addictif Intermezzo. Un chant sculpté sur un accompagnement simpliste et malléable sert souvent de modèle aux pages lyriques, comme "Désespoir". On pourra oublier la pompe de telle Entrée solennelle, ou les lourds encens sulpiciens du Prélude-Choral, sauf à succomber aux sonorités denses et cossues de cet orgue varsovien, capté en plein relief. Outre une facture néoromantique de synthèse, incluant Récit expressif, et Mixtures au Positif, cet instrument se distingue comme un des premiers en Pologne à disposer d’une traction électrique proportionnelle, qui préserve les fines dynamiques du phrasé –quitte à manquer un peu de mordant pour le Final des "Impressions religieuses". Un choix toutefois heureux pour préserver la sensibilité de ces œuvres naïves mais non sans charme. Une inspiration limitée et des procédés consensuels, qui pourront toucher mais lasser, n’impliquent pas de dédaigner cette découverte. (Christophe Steyne) Charles Paul Florimond Quef was born on November 1st 1873 in Lille. He began his musical education at his hometown’s conservatory, and since 1894 continued his studies at the Conservatory of Paris, studying organs under the guidance of Guilmant and Widor. He also learns about improvisation, harmony, counterpoint and fugues. In his student years he practices in churches of St. Marie des Batignolles and St. Laurent. Laureate of a few awards in categories of improvisation and organs, amongst them the coveted 1st prize in 1898. After completing his studies, for the next couple years, he becomes the choir organist in the St. Trinité church in Paris and the assistant of Alexandre Guilmant. He marries Clara Cornélie Madeleine Luys, who gives birth to two daughters: Amélie and Hélène. In 1903 he moves to Meudon, in Paris’ suburbs. During the 1st World War he serves in the French army. After completing his military service, he returns to St. Trinité, where he continues developing his abilities. In July 2nd 1931 he dies in Meudon.
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