Olivier Messiaen (1908-1992)
Cinq rechants, Chant d'amour
O sacrum convivum!

Claude Debussy (1862-1918)
"Les Angélus", pour 6 voix (arr. C. Gottwald)
"Des pas sur la neige", pour 16 voix (arr. C. Gottwald)

Maurice Ravel (1875-1937)
"Soupir", pour 16 voix (arr. C. Gottwald)

Gustav Mahler (1860-1911)
"Ich bin der Welt abhanden gekommen", pour 16 voix (arr. C. Gottwald)

Vokalsolisten Kammerchor Stuttgart
Frieder Bernius, direction

Bien qu'ils soient dépourvus d'instrumentation, Messiaen considéraient ses "Cinq Rechants", écrits en 1948 pour douze voix mixtes, comme une de ses œuvres les plus riches de substance et les plus denses de forme. Elle a la particularité de ne citer aucun chant d'oiseaux et regorge d'invention mélodique et de contrastes dynamiques et harmoniques souvent abrupts, du slalom à bosses, qui la rendent très difficile d’exécution. Le Vokalsolisten de Stuttgart y laisse d'ailleurs quelques plumes (Troisième Rechant), même s'il déploie tout du long assurance et cohésion. Autre bijou du répertoire vocal du vingtième siècle, le modeste "O Sacrum Convivium" composé par Messiaen en 1937 pour l'abbé Brun. "C'est une lente et douce méditation en homophonie dont le déroulement bénéficie de la souplesse des valeurs ajoutées" (Harry Halbreich). L'extraordinaire cohésion de l'ensemble fait des merveilles et nous plonge dans une brève béatitude heureusement relayée par des mélodies de Debussy et de Ravel arrangées par Clytus Gottwald. Texturées par micro-intervalles et parcourues de clusters, "Les Angelus" (d'après Millet), "Les pas sur la Neige" et "Le Soupir" laissent la mélodie portée par six ou douze voix s'évaporer progressivement vers l'éther. Le Lied "Ich bin der Welt abhanden gekommen" de Mahler (arr. Gottwald) d'une facture plus classique offre là aussi un sublime écrin aux voix des chanteurs. Un DVD inclus dissèque l'impressionnant travail de l'ensemble sur les Cinq Rechants. Tout à la fois céleste et édifiant. (Jérôme Angouillant)