 Ce sont quatre compositeurs italiens du dernier quart du XIXe siècle, ayant produit leurs œuvres les plus significatives au siècle suivant, que présente cet enregistrement. Alfredo Casella (1883-1947) avait un grand-père et un père violoncellistes ; pas étonnant qu’il compose en 1906 sa première Sonate pour violoncelle et piano lorsqu’il baignait dans le climat musical parisien, attentif aux esthétiques de Debussy et de Ravel, mais aussi de Fauré et de Satie tout en s’imprégnant de celles plus anciennes de Brahms, Mahler et Richard Strauss. Curieux mixte qui donne tout son sens aux réminiscences du Sextuor op. 36 de Brahms perceptibles dans le premier mouvement de cette Sonate. "Notturno e Tarentella", de 1934, adapte pour violoncelle et piano une composition orchestrale de la même date basée sur une mélodie populaire revisitée par le néoclassicisme. Giuseppe Mulè (1885-1951), chef d’orchestre et compositeur de sept opéras, est moins connu mais son poignant Largo pour violoncelle et piano, d‘inspiration opératique, a été utilisé comme indicatif dans les émissions radiophoniques nationales en Italie pour la RAI. Respighi (1879-1936) envisageait son Adagio con variazioni comme le mouvement lent d’un concerto pour violoncelle inabouti ; son thème d’inspiration folklorique est exploité dans un mélange de sonorités, de couleurs et de timbres qui rappellent autant Debussy que le romantisme de son compatriote Martucci (1856-1909). Les "Tre canti" de Pizzetti (1880-1968), composés en 1924, sont l’œuvre du musicien qui planta le plus loin la pique de son violoncelle dans le XXe siècle. Ils rendent hommage, sans parole, à son amour des "Canto Novo (1882) et du verbe de D’Annunzio. Roberto Trainini, avec la sombre sonorité boisée de son instrument, attentivement soutenu par le connivent accompagnement de Stella Pontoriero, est le parfait et éloquent avocat de ces œuvres à découvrir absolument. (Jacques-Philippe Saint-Gerand) A cross-section of the Italian production for cello and piano, conceived during the hazy beginning of the twentieth century, shows us how the most varied influences – coming from all sorts of styles: Gregorian, Monteverdi, operatic, German and French late-romantic, avant-gardist, Franco-Russian impressionist, French symbolist, veristic – are absorbed and remoulded, accepted and rejected, by various personalities of the world of composition. In this cultural ambience, a crucial role was played by the so-called Generation of Eighteen-Eighty, whose components, Casella, Malipiero, Pizzetti, Respighi, friends and collaborators, stood out for their pursuit of innovation and their aim to create a character peculiar to Italian music; this quest was accompanied, at least in their artistic choices, by a certain lack of political commitment. Within this recording, cellist Roberto Trainini and pianist Stella Ala Luce Pontoriero are delivering an anthology of precious musical gems as necessary testimony to the great value of some obscured and forgotten Italian early twentieth century repertoire.
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