Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Sonate pour viole de gambe et clavecin en sol majeur, BWV 1027 (trans. Pour violoncelle et piano)
Sonate pour viole de gambe et clavecin en ré majeur, BWV 1028 (trans. Pour violoncelle et piano)
Sonate pour viole de gambe et clavecin en sol mineur, BWV 1029 (trans. Pour violoncelle et piano)
"Arioso", Largo du Concerto pour clavecin n° 5, BWV 1056 (trans. pour violoncelle et piano)
Adagio de la Toccata en do majeur, BWV 564 (trans. pour violoncelle et piano)
Air de la Suite pour orchestre en ré majeur, BWV 1068 (trans. pour violoncelle et piano)
"Ich ruf' zu dir, Herr Jesu Christ", BWV 639 (trans. pour violoncelle et piano)
"Nun komm, der Heiden Heiland", BWV 659 (trans. pour violoncelle et piano)

Marina Tarasova, violoncelle
Evgeny Starodubtsev, piano

Cet intitulé des plus vagues renvoie à des transcriptions pour violoncelle et piano de sonates (BWV 1027 à 1029 pour viole de gambe et clavecin), d'extraits orchestraux (un air de la suite BWV 1068, le largo du BWV 1056), et de pages d'orgue (adagio du tryptique BWV 564, plus deux chorals). Choix liés à des motivations subjectives et à des présupposés discutables et ambigus — à en croire les déclarations de la violoncelliste, dans la notice, où la suffisance le dispute largement à l'ingénuité : « quelle inspiration a été la mienne dans ces exécutions d'arrangements pour violoncelle et piano ! J'ai voulu que les auditeurs apprécient la magnificence du chant du violoncelle. La vie a du sens quand Bach est là! Mais les pièces pour orgue ou clavecin ne peuvent chanter comme un violoncelle. Ces transcriptions sont extraordinairement sincères » (sic). Comment peut-on instaurer une hiérarchie disqualifiant avec une telle légéreté, les instruments initialement sélectionnés par le compositeur ? On a, dans ce CD, le plus souvent affaire à des transcriptions au second degré , c'est-à-dire à des interprétations de transcriptions publiées ou éditées entre le XVIIIe et le XXe siècles par des auteurs dont le nom est mentionné dans la notice. C'est dire combien le "sublime" chant du violoncelle n'a plus ici grand'chose à voir, ne serait-ce que de façon, allusive ou allégorique, avec la délicatesse, l'intimité, le charme subtil et poétique dont est capable, entre autres, la viole de gambe chez Bach. Un romantisme délibéré est ici de rigueur : vibrato appuyé, effets faciles, nourris par une surexposition des contrastes, un étirement des ornements, et une sorte de surenchère parfois fébrile et lassante entre violoncelle et piano. (Bertrand Abraham)