Dietrich Buxtehude (1637-1707)
Membra Jesu Nostri, BuxWV 75

Luthers Bach Ensemble
Tymen Jan Bronda, direction

La musique religieuse germanique des XVIIème et XVIIIème siècles ne cesse, depuis plusieurs dizaines d'années, de susciter la création d'ensemble vocaux et instrumentaux qui se vouent à rechercher et à réaliser des interprétations renouvelées et enrichies du vaste répertoire laissé par les compositeurs de cette époque. C'est le cas pour le leg de Buxtehude, constamment revisité, particulièrement pour ces sept cantates de 1680, réunies dans un corpus tenu pour le premier oratorio : Membra Jesu Nostri. Le Luthers Bach Ensemble, constitué de chanteurs et d'instrumentistes qui ont des affinités avec les pôles musicaux et les maîtres des Pays -Bas, notamment Groningen, et qui jouissent déjà d'une notoriété de premier plan, nous en donne ici un exemple éloquent. Il reconstitue à la perfection l'expression musicale d'une piété baroque qui ne s'interdit ni sensiblerie ni sensualité dans l'évocation, depuis les pieds jusqu'au visage, en passant par les genoux, la poitrine, les mains, le coeur, les parties du corps souffrant du Christ et nous pouvons y retrouver les postures, les gestes, les regards des personnages de la peinture sacrée du temps, avec sa théâtralité presque ostentatoire, ses abandons, l'adoration mêlée de tourments. Toute cette richesse d'émotions est rendue avec la plus grande finesse, par une matière sonore quasi diaphane, presque immatérielle, comme celle de lumières colorées filtrant à travers des vitraux. Cette réalisation, savamment informée, d'un presque jeune Ensemble (Il fut créé en 2006) constitue une belle réussite et prendra une place remarquée dans la discographie des Membra Jesu Nostri. (Alain Letrun)

An exciting young Dutch early-music collective takes on a 17th-century masterpiece Lenten devotion. Membra Jesu nostri consists of seven cantatas which graphically depict the suffering of Christ and the different parts of his tormented body. The surprising beauty and integrity of the cycle as a whole lies in its combination of the strict Protestant North German style with that of the Italian school, the symbiosis of mystical outbursts and dancing, transparent and almost ethereal textures. The Groningen-based Luthers Bach Ensemble recorded this in spring 2021, at the height of the pandemic, through which they have played as active a part in the city’s cultural scene as possible with socially distanced concerts and music-making. Formed in 2006, the LBE can call upon a pool of highly practised early-music specialists in both voices and instruments, as well as the longer Dutch history of historically informed performance praxis. The stylistic pedigree of this new recording of Membra Jesu nostri places it alongside the great recordings of the cycle over the course of the last half-century. A fine balance is struck between the solemn piety of the cycle’s text and the assuaging pathos of its expression, with its many striking contrasts of solo and large-scale textures, its passionate outbursts and reflective melismas. The booklet includes an introduction to the work plus full sung text and translation. The ensemble’s founder-director is Tymen Jan Bronda, who has been the cantor-organist at the ensemble’s home of the Lutheran Church in Groningen since 2001. The artistic advisor and continuo player on this album is the distinguished Dutch harpsichordist Robert Koolstra, and the ensemble is led by Cecilia Bernadini (daughter of the oboist Alfredo Bernadini), who has also been the leader of the Dunedin Consort since 2012.