Anton Bruckner (1824-96)
Symphonie n° 3 en ré mineur, WAB 103 "Wagner-Sinfonie"

Bayerisches Staatsorchester
Hans Knappertsbusch, direction

Sans doute le plus grand chef wagnérien de tous les temps, Hans Knappertsbusch (1888-1965) fut plus contesté comme interprète de Bruckner ; son obstination à rester fidèle aux révisions des élèves de Bruckner y compris lorsqu’elles étaient indéfendables lui a certainement nui. Des six symphonies qu’il a enregistrées, la 3° est celle qui lui correspondait le mieux (est-ce parce que c’est celle que Bruckner avait justement dédiée à Wagner ?). Captée en 1954, la même année que la gravure officielle Decca avec les Wiener Philharmoniker, cette interprétation munichoise est la plus fiévreuse de celles laissées par le maestro. Mais quelle maîtrise dans les crescendos d’une formidable dynamique, quelle passion dans l’adagio, quels accents savoureusement rustiques dans le scherzo et son trio, quelle grandeur héroïque dans les volets extrêmes ! Qu’importe quelques toux inopportunes et quelques attaques incertaines, le souffle épique qui soulève l’orchestre est sans équivalent dans la discographie et le rubato inimitable de « Kna » reflète la proximité stylistique avec les premiers interprètes de Bruckner. Nous n’avons pas trace de ce que Furtwaengler faisait dans cette symphonie, consolons-nous en thésaurisant ce témoignage impressionnant de Knappertsbusch. Une réédition indispensable. (Richard Wander)