Beethoven Fidelio op 72 Marton Watson King Adam Rydl Maazel - C908152 - Orfeo - Classique

Eté 1983, Salzbourg retrouve le Fidelio exemplaire monté par Leopold Lindtberg l’année précédente, génial régisseur de théâtre auquel le Festival avait « offert », pour ses quatre-vingt ans, de mettre en scène l’opéra de Beethoven. Lorin Maazel se trouva d’emblé au diapason de cette scénographie vive, ses tempos prestes renouvelant l’écoute des auditeurs du Festspielhaus, le souvenir des textures claires obtenues par Karl Böhm s’y rappelle. Distribution formidable sur le papier, mais en 1983 James King n’a plus les aigus de son insolente jeunesse, sa grande technique lui permettant tout de même de triompher de son air en faisant entendre la limite absolue de son instrument : il préfère oser que rester dans sa zone de confort, vrai chanteur de scène. Les clefs de fa sont formidables, le Pizarro de Theo Adam surtout, monstre froid resté inimité, le couple ancillaire regarde vers Mozart, la sensation de la soirée restant la Leonore d’Eva Marton, grande voix flamboyante que rien n’avait encore alourdi, timbre clair et mordant dont l’Abscheulicher, sensible jusqu’en son raptus, reste un de ses plus grands moments en scène. Pour elle, pour la vie fusante que distille ici Maazel, autrement plus inspiré qu’en son enregistrement de studio pour Decca, on devra y aller entendre. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

Bien après ses débuts en 1963 où il dirigeait à Salzbourg "Les Noces de Figaro", Lorin Maazel renoue en 1982 avec le festival et ce Fidelio d'une urgence aussi spectaculaire qu'unique. Le chef américain imprime à tout l'opéra une tonalité à la fois analytique et dramatique. Il suffit de l'écouter prendre à bras le corps l'Ouverture (et celle de Leonore n° 3 insérée ici avant le finale) pour anticiper le boulevard du crépuscule qu'il offre aux chanteurs et au Philharmonique de Vienne jamais aussi riche de textures boisée. Tempi et nuances sont scrupuleusement ciselées. La soprano hongroise Eva Marton est une Leonore redoutable profondément beethovénienne (Abscheulicher!).Vocalement irrésistible, James King reprend le rôle de Florestan qu'il avait approché sous la baguette de Karl Böhm douze ans plus tôt, quand à Theo Adam, il est l'incarnation parfaite de Don Pizarro. Même les seconds rôles participent à l'intensité de l'ensemble. Un Fidelio d'anthologie! (Jérôme Angouillant)