Domenico Cimarosa (1749-1801)
Il Matrimonio Segreto, opéra en 2 actes

Renato Girolami, baryton (Comte Robinson)
Donato Di Stefano, basse (Geronimo)
Loriana Castellano, mezzo-soprano (Fidalma)
Klara Ek, soprano (Elisetta)
Giulia Semenzato, soprano (Carolina)
Jesus Alvarez, ténor (Paolino)
Academia Montis Regalis
Alessandro De Marchi, direction

Hoggart illustra The Clandestine Mariage, l’irrésistible comédie de Georges Colman l’Ainé et de David Garrick dans sa célèbre série de gravures du « Mariage à la mode ». La comédie trouvera son chemin sur la scène lyrique sous les plumes croisées de Giovanni Bertati, signant un livret brillant et de Domenico Cimarosa la vêtant d’une musique délicieuse. Le compositeur se doutait-il du succès que cette comédie allait remporter (Leopold II fit bisser l’opéra au complet le soir de la première), au point de survivre au répertoire jusqu’au XX Siècle ? Il aurait plutôt parié sur ces grands opéras à sujet antique, L’Olympiade ou Artaserse, dotés chacun d’un livret de Métastase. Mais non, à Vienne l’air du temps avait changé depuis la création des Nozze di Figaro cinq ans plus tôt, entre temps la Révolution française avait tétanisé l’Europe monarchique, Mozart venait de donner sa Zauberflöte. Cimarosa, s’il cite en clin d’œil dès l’ouverture les accords qui ouvre les aventures de Tamino, en resterait à la comédie pure, offrant comme un répit au public viennois, mais sans quitter les couleurs de Mozart, ni sa vitalité. Admirable musique, jusque dans ses facilités, l’œuvre gagne à être enregistrée à la scène, le théâtre en déborde, d’autant qu’Alessandro de Marchi entraine toute sa troupe dans un tourbillon savamment réglé qui prépare aux étourdissants finals où Cimarosa semble poser un trait d’union entre Mozart et Rossini. Mais, bémol majeur, les voix sont modestes, pas assez différenciée chez les femmes. On pourra glaner ici la fête théâtrale, mais il ne faudra négliger ni l’italianita délirante (et très coupée) de l’ancien enregistrement de Nino Sanzogno (Sciutti, Stignani, Ratti, Alva !) ni les subtilités de Barenboim distillant toutes les beautés de la partition grâce à un équipe de chant superlative (Arleen Auger, Julia Varady, Julia Hamari, Ryland Davies, Dietrich Fischer-Dieskau), mais là encore les coupures... si donc vous souhaitez votre Matriomonio au complet, De Marchi vous l’offre. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

De Domenico Cimarosa (1749-1801) l’histoire retiendra le compositeur napolitain d’opéras de la période classique et surtout « Il Matrimonio Segreto », dramma giocoso créé en 1792 qui traversa le temps et les frontières pour arriver jusqu’à nous… Autant le dire tout de suite, Cimarosa n’est pas Mozart, mais son Matrimonio eu la faveur de Leopold II d’Autriche à sa création qui le fit bisser en entier, une gageure pour un empereur peu porté sur les arts ! Alors cette intégrale, captée sur le vif au festival d’Innsbruck par les italiens de l’Academia Montis Regalis sous la direction d’Alessandro De Marchi bénéficie d’un plateau pour le moins aguerri aux bouffonneries. Si la succession de récitatifs et d’arias da capo s’égrènent sans discontinuer sur plus de trois heures de musique, tous les caractères de l’opéra sont présents, de la basse bouffe annonçant Rossini à la soprano légère et espiègle héritière de Mozart en passant par la duègne en mezzo et le jeune premier en ténor : rien de surprenant en somme, si ce n’est le plaisir des interprètes réel et communicatif qui fait de cet enregistrement un coffret de beau chant ! (Florestan de Marucaverde)

"Da capo!" This is what Emperor Leopold II shouted in the Vienna court theater in 1792 – and all the musicians once again began the musical fun from the beginning. Il matrimonio segreto is the only opera that has ever had the honor of being repeated in full at its premiere, so very much did the comical musical goings-on please its distinguished audience. On the occasion of the fortieth anniversary of the Innsbruck Early Music Festival Weeks, the conductor Alessandro De Marchi again at long last led a performance of Cimarosa’s most popular opera in historical performance practice and in original sound. The music forms a direct transition from the Baroque opera to the Bel Canto era of Rossini and in every way merits a production in which the musical and vocal practice of Cimarosa and Mozart’s times is brought back to life. Nowadays Cimarosa’s opera is always heard in greatly abbreviated versions; repetitions and parts of arias often end up being eliminated. Alessandro De Marchi: »Though precisely these repetitions are interesting because in them the female and male singers, just as then was still the practice, are able to vary and improvise.« The orchestral sound is also more colorfully and sharply contoured when original instruments are used. For the anniversary occasion everybody was supposed to have good reason to laugh, and this opera is optimally suited toward this end. The tradition of the opera buffa, with its origins going back to the commedia dell’arte, in this work experiences a »high point full of irresistible moments of fun, on the stage and in the music« as De Marchi puts it.