 D’où viennent les Bagatelles, ces audacieuses que Beethoven aura jetées sur le papier d’un trait, et qui le montrent tout humeur, improvisant à loisir ? Dans son cosmos pianistique elles semblent ne subir en rien l’attraction des Sonates, leur fantaisie rappelle la manière de ses compositeurs bohémiens, Vorisek, Benda, Tomasek, avec lesquels il entretenait des liens d’admiration mutuelle. En mariant l’opus 33 et l’opus 76 à trois cahiers de "Variations", Michael Korstick infuse dans les "Bagatelles" cette logique de cycle que les pianistes y entendent rarement : plus des vignettes mais à chaque fois un tout. Son clavier fusant et clair, le style classique pourtant capable d’aventure, le toucher net, coupant lorsqu’il faut, puis soudain dispensant des sfumatos à profusion, les magnifie, et me rappelle les audaces dont les avait parés le jeune Stephen Bishop. La même versatilité emporte les Variations, le tumultueux cahier en ut mineur évidemment, si intense, le grand jeu des turqueries de l’opus 76, mais jusqu’à cette merveille trop peu courue qu’est le vaste cahier des "Variations sur un thème de Righini", dont le demi-caractère, la lyrique un peu mozartienne, en aura désarçonné plus d’un. Mais commencez par les Bagatelles op. 119, chef d’œuvre qui laisse espérer pour demain une autre apostille aux Sonates et aux Diabelli déjà brossées par Michael Korstick : les Bagatelles op. 126 et tant d’autres cahiers de Variations, de pièces diverses - l’Allegretto en ut mineur rappelle ici leur importance - espèrent ce piano magistral. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  Around the same time that Michael Korstick caused a sensation with the first and, to date, only recording of all Beethoven piano concertos (555 447-2), these recordings were also made. They shed light on the life of the "Titan" from the opposing perspectives of fashionable accessories and clever miniatures. These two aspects interweave in reverse chronological order: the Variations in C Minor from 1806 serve as the prelude, while the 24 variations on Righini’s Venni Amore from 1791 conclude the portrait. In between, musical snapshots of the Bagatelles Op. 33 (1802) and Op. 119 (1822) frame the variations on an original theme, Op. 76 (1809), which would later become the Turkish March. In every piece, from the smallest vignette to the most intricate keyboard trick, the boundless imagination of one who set out to instill fear is at work.
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