 L’intérêt renouvelé pour les compositrices a déjà fourni son lot de disques récemment consacrés à Amy Marcy Cheney Beach (1867-1944). Pianiste virtuose américaine en sa toute jeunesse, qu’un mariage en 1885 voulu par sa mère avec un médecin puritain, de vingt-quatre années son aîné, réduisit au statut de dame de compagnie et mécène, ne devant jamais enseigner le piano, limitant ses concerts à deux récitals publics par an, dont les bénéfices étaient reversés à des œuvres caritatives, et devant abandonner toute velléité de parfaire ses études. Elle étudia donc la composition en autodidacte, sur les conseils de l’autrichien Wilhelm Gericke, en s’inspirant des maîtres et en traduisant les traités d’Hector Berlioz et de François-Auguste Gevaert. C’est alors dans la composition qu’elle trouva à s’épanouir. En résulta un imposant catalogue de musique symphonique, concertante et de musique de chambre, de mélodies et vingt-sept pièces pour piano, dont plusieurs furent enregistrées par Kirsten Johnson (intégrale), Joanne Polk, Jennifer Fichet ou Martina Frezzoti. Le programme présenté aujourd’hui par Katia Spluga, pianiste et musicothérapeute, rend particulièrement hommage aux multiples talents de la compositrice, entre profondeur des sentiments intimes et légèreté virtuose. Le Prélude et Fugue op. 81, de 1918, plonge manifestement ses racines dans l’œuvre de Bach, mais revisitée par Liszt. Hamlet, le chat angora d’Amy Beach, trônait sur le piano à l’époque de Fantasia Fugata, dans le souvenir du chat ayant inspiré la célèbre Fugue de Scarlatti (K 30 ou L 499). Quant à la Grive solitaire (Hermit trush), à l’aube et au matin (1918), comme elle est ici finement et subtilement dépeinte ! Les Improvisations op. 148 de 1938 sont l’ultime composition d’Amy Beach et portent l’empreinte de l’influence de Monet et de Debussy. L’interprétation sensible et racée de Katia Spluga rend un magnifique hommage au talent d’Amy Beach. Très recommandé. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)  The album “Present Reflections” offers an anthology of Amy Beach’s piano works, showcasing her remarkable compositional talent and stylistic range—from expressive virtuosity to deep interpretative intimacy. This distinctive quality is due not only to her extraordinary gift but also to several factors: the profound cultural shifts she experienced between the late 19th and early 20th centuries—bridging late Romanticism, the emergence of the avant-garde, and the advent of jazz—and her unmistakable emotional expressiveness. Despite the strict, self-imposed discipline of her compositional process (she was entirely self-taught), her style remains deeply personal and authentic in every work. Looking back in time, beginning with her later compositions, one can observe a radical evolution in her writing. These works are not only a significant contribution to American piano literature but also a testament to the transformation of an era—one that slips away from the present to become almost immediately part of the past. In this way, Present Reflections becomes a mirror of today’s world, reflecting the epochal changes of which we are all a part. Mrs. Beach’s incredible talent, which enabled her to emerge as one of the greatest composers of her time, tells the story of both women and men—transcending the limitations imposed by society and leaving behind a musical legacy that deserves not only rediscovery but celebration. (Katia Spluga)

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