Milosz Magin (1929-1999)
Sonate pour piano n° 3
Sonate pour piano n° 4
Prélude op. 3
Tryptique Polonais

Weronika Gorska-Mikosz, piano

On connaissait Milosz Magin (1929-1999), brillant pianiste polonais, prisé lors des concours de Varsovie, Long-Thibaud, Vianna da Motta, spécialiste de Chopin naturellement, mais on connaissait moins le compositeur qu’il fut essentiellement dans les trente dernières années de sa vie, laissant un catalogue de pièces brillantes pour piano, quatre sonates, des recueils pour jeunes pianistes, des concertos (quatre pour piano, deux pour violon, un pour violoncelle, un pour clarinette), deux symphonies, un ballet, des vocalises, des œuvres orchestrales... Jean-Marc Luisada et Caroline Sageman furent de ses élèves mais c’est Lucas Debargue (1990-) qui, récemment, remit en lumière quelques-unes des compositions de Milosz Magin. Auparavant Justine (Soraya) Verdier, Magdalena Adamek et Ryan Mac Evoy Mac Cullough avaient enregistré pour Acte Prélable (APO052, APO113, APO168) plusieurs pages concertantes ou en solo de ce qui aurait pu être un début d’intégrale. Aujourd’hui c’est la talentueuse pianiste et fine musicienne Weronika Górska-Mikosz qui illumine de son jeu puissant mais ciselé des pages tardives du Magin compositeur. Le Prélude en Ut majeur op. 3 n° 1 de 1953 évolue dans un climat proche de Scriabine. Le Triptyque polonais de 1967 confère toute leur vitalité rythmique aux danses que sont les mazurkas, kujawiak et oberek. Les six mouvements de la très tourmentée troisième Sonate, de 1990, dédiée à son élève Isabelle Oehmichen, s’organisent autour d’une pénultième marche funèbre dans une impressionnante succession quasi improvisée d’instantanés d’humeur. Enfin la quatrième sonate de 1997 renoue avec une structure régulière en quatre mouvements — allegro molto, Presto leggierissimo, Lento, Allegro con fuoco — à la motoricité très imprégnée du modèle de Prokofiev, bien que la veine lyrique et harmonique de Milosz Magin trouve à s’y exprimer avec une ardeur à laquelle ni Weronika Górska-Mikosz ni l’auditeur ne sauraient résister. Une découverte à saluer avec le plus grand enthousiasme. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)