Jörg-Hannes Hahn joue sur l’instrument sur lequel ces œuvres ont été écrites : l’orgue privé de la Princesse Anna Amalie de Prussie, à l’époque élève du compositeur ! Contrairement à son organiste de père, Carl Philipp Emanuel Bach ne fut titulaire d’aucune tribune, et certaines de ses pièces jouées aux tuyaux ne leur sont pas intrinsèquement dédiées, même si on leur associe ordinairement. Ainsi ces cinq Sonates captées en novembre 2001, présentées comme volume 1 d’une intégrale (la Wq 70.1 apparaîtra dans le volume 2). On regrette que la notice (anglais, allemand) pourtant érudite et contextualisée renseigne peu sur chaque œuvre, mais on apprécie une description très détaillée de l’orgue et de son histoire : celui construit en 1755 pour les appartements de la Princesse Amalia de Prusse, et transféré en 1960 dans une église près de Berlin, moyennant une restauration et l’ajout d’anches absentes de l’état original. Ce qui n’empêche pas que cet instrument attribué aux facteurs Migent/Marx soit souvent choisi pour ce répertoire galant, à fleur de peau. Vigoureux, précis et moins caractériel que Kei Koïto (Harmonic Records), l’interprète s’en tient à une exécution manualiter, assurant le brio des Allegros, qu’il emporte avec une intrépide virtuosité. Jörg-Hannes Hahn varie les combinaisons sonores pour chaque sonate, registrant les mouvements lents sur un jeu soliste différent. Dont la délicieuse Quintadena au cœur de la Sonate en ut mineur qui par ailleurs mobilise toutes les ressources de la console avec claviers accouplés. Dans l’ensemble, cet enregistrement proposait alors une superbe alternative à Herbert Tachezi (Telefunken) et Bernard Foccroulle (Accord), et s’inscrit toujours au meilleur de la discographie. (Christophe Steyne) Jörg-Hannes Hahn est directeur artistique de Bachchor et Bachorchester Stuttgart, du chœur de chambre Cantus Stuttgart et de la série de concerts Musik am 13. Il a étudié, parmi d’autres, avec Werner Jacob, Ludger Lohmann et Marie-Claire Alain. En 1992 il a gagné le grand prix de la Semaine Internationale d’Orgue de Nuremberg. En 1997 il a interprété une très récompensée série d’œuvres de Max Reger et en 2000 il a réalisé un vrai tour de force en interprétant l’intégrale de l’œuvre pour orgue de J.S. Bach en 14 semaines ! Ses nombreux engagements en tant que soliste, professeur invité, membre de jury et chef de chœur et d’orchestre l’ont amené en Israël, en Amérique du Sud, à Singapore, au Japon, en Coré, ainsi que dans plusieurs pays d’Europe.
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