 Treize années séparent les deux Quintettes avec piano que Grazyna Bavewicz composa entre 1952 et 1966, littéralement deux mondes entre lesquels son langage se sera radicalisé. La nuance sombre qui ouvre le Premier est alors, dans son catalogue, inédite par son expressionisme affiché, mais le brillant Presto qui lui succède, vrai danses des Tatras, à l’écriture follement virtuose rappelle le brio naturel de ses premiers opus. Las, le Grave replonge dans les ténèbres, plainte sinistre plombée par les accords graves du piano. Finale bouillonnant, tendu, suractif, qui achève de faire de cet opus l’une des oeuvres majeures de la « Jeune Pologne » de l’après-guerre. Et comme l’équipe féminine, pianiste et quartetistes fait flamboyer le génie de Bacewicz ! Admirable, tout autant que la prise de son. Sinistre, dissonant, empli d’étrangetés, le second Quintette est lui aussi un chef d’œuvre, écrit à l’intention des virtuoses du Quintette de Varsovie, mais un chef d’œuvre radical, où Bacewicz explore de nouvelles pistes : diffraction des sons, polyrythmie, polymélodie, bariolages des cordes, échappées belles du piano, rythmes de danses mêlés (et parfois dans l’usage des cordes des effets que l’on retrouvera chez Piazzolla). Partition fascinante et dangereuse, à laquelle répond le divertissement épicé qu’Alexandre Tansman écrivit lors d’un séjour siennois durant l’été 1955 à l’intention du Quintette Chigiano. Preludio inquiet, Toccata enivrée par son propre mouvement, Elégie mystérieuse, Divertimento un peu chinois, Finale commencé dans la mélancolie, avant d’entonner un canon très Art de la fugue, cinq esquisses qui prouvent l’invention toujours renouvelée d’une des plus belles plumes du XXe Siècle servies par des interprètes inspirés. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Que la musique de Grazyna Bacewicz est belle et expressive ! Violoniste de formation, elle entreprit une carrière de soliste avant de se consacrer à la composition durant les années cinquante. Formée notamment auprès de Nadia Boulanger, elle possédait une écriture à la fois rigoureuse, virtuose et profondément lyrique. Son univers sonore - son catalogue comporte plus de 200 opus - n’a été défendu que par des labels de son pays et d’intrépides producteurs, notamment britanniques. Le caractère cinglant du Premier Quintette (1952) est mâtiné des influences de Prokofiev, Bartok, Szymanowski… Mais, l'essentiel réside dans l'équilibre entre un style relativement épuré et classique et des thèmes issus souvent des folklores d’Europe centrale. Bacewicz annonce déjà le renouveau des courants postmodernes et notamment de la “nouvelle simplicité”. L’interprétation du quintette est alerte, bondissante, toujours “sur la note”. Les couleurs sont bien timbrées et l’équilibre piano et cordes, parfait. Le Second Quintette (1965) fait l'expérience du dodécaphonisme, utilisé non comme un système, mais en tant qu'outil expressif. Les effets rythmiques et harmoniques font songer épisodiquement à Bartok. Le Larghetto central est prenant. La personnalité profondément romantique de la compositrice ne peut s’estomper même lorsque les échos d’un Ligeti ou d’un Schnittke se perçoivent. C’est tout à l’honneur des interprètes d’avoir préservé l’ambivalence stylistique de cette musique. Le compositeur polonais Alexandre Tansman assimila à la fois l'héritage polonais de son compatriote Szymanowski, ainsi que la culture de l'Europe de l'Ouest. Né à Lodz et mort à Paris dans un relatif oubli, il fut un musicien intellectuellement et artistiquement insaisissable. Sa culture était multiple, liée à la liberté et à la soif de connaissance de la diaspora des talents d’Europe centrale. On retrouve ainsi Tansman à Paris après la Première Guerre mondiale, côtoyant Roussel, Schmitt, Ravel, le Groupe des Six… Datée de 1955, la pièce Musica a cinque est d’une remarquable facture. Cinq mouvements relativement brefs multiplient les contrastes, de l’immobilité presque à une forme de frénésie dansante. On admire la clarté du jeu, la qualité de la mise en place des cinq musiciennes qui nous réjouissent par la finesse de leur engagement. Une belle découverte. (Jean Dandrésy) On the album we present you with the music of Grazyna Bacewicz and Alexandre Tansman in a chamber version – these are piano quintets from the 1950s and 1960s. Grazyna Bacewicz is one of the most famous composers of the last century. She was distinguished by a bold, experimental approach to music and, at the same time, an excellent compositional technique, characterized by precision and predilection for an orderly form. This made her belong to the Neoclassical trend, which is reflected by the Piano Quintet No. 1 (1952) featured on the album. The second piece of this genre, Piano Quintet No. 2, was written in 1965 and shows a new, sonoristic approach to the sound matter, but it is still kept in Bacewicz’s elegant and at the same time temperamental compositional idiom. Alexandre Tansman created his piano quintet in 1955; critics also classified him as a Neoclassical composer. In his Musica a cinque, he drew inspiration from Baroque music both in terms of form and technique, combining polyphonic and homophonic textures. This piece has been almost forgotten and rarely performed so far, so we are all the happier to present it to the audience. The piano part is interpreted by Julia Kociuban, an extremely talented pianist, performing on many continents, also experienced as a teacher and organizer of musical life. She is accompanied by the Messages Quartet, an ensemble specializing in Polish chamber music performance, active since 2014.
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