 Une grande mezzo, avec un grave élégant et une colorature aisée, Agnes Baltsa aurait pu être la nouvelle rossinienne idéale de sa génération, plus stylée qu’une Marylin Horne, avec dans le grain même de la voix le glorieux souvenir d’une Simionato. Karajan, qui avait dirigé l’italienne dans un de ses premiers Orfeo de Gluck, avait encore en mémoire le souvenir de cette grande voix égale et souple lorsqu’il découvrit une jeune cantatrice grecque. Agnes Baltsa sera de toutes ses production à compter des années soixante-dix, et l’appétit de cette voix parfaite se trouvera comblé chez Mozart comme, chez Verdi. Heureusement, son glorieux récital enregistré pour Orfeo commence justement chez Rosssini, de Rosine à Cenerentola en passant par l’Elena de La Donna del Lago, vocalise déliées, sourire dans le timbre, et quel esprit dans le Rondo de sa Cendrillon. Cela suffirait à rendre le disque essentiel, d’autant qu’en ses autres occurrences il fait mentir la fausse légende d’une chanteuse superficielle, jugée même selon certains comme « vulgaire ». Que ceux-ci voient leurs préjugés battus en brèche par l’air de Sesto ! La ligne éloquente, les mots si clairs, les jeux du timbre de cette grande voix avec ceux du cor de basset, merveille. Mais tout est à thésauriser, et d’abord son somnambulisme de Lady Macbeth où le grand air de la Favorite qui expose son génie dramatique. Perle rare, « Ah si, mia caree, Or la sull’Onda » de la Bianca du Giuramento, rappelle que la lauréate du Prix Callas entretint toujours des affinités électives avec le pur belcanto, dont elle connaissait jusqu’aux œuvres les moins courues alors. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  Quelle bonne idée de rééditer 40 ans après son enregistrement, ce récital d’airs d’opéra par Agnès Baltsa. Karajan qui voyait en elle une mezzo-soprano dramatique remarquable l’avait déjà choisie pour des grands rôles du répertoire. Ici elle brille dans chacun des airs, non pas d’une façon virtuose pour la virtuosité elle-même, mais avec une élégance, une finesse de couleurs qui nous saisissent à chaque instant. Le « tanti affetti » de la Donna del Lago de Rossini est chanté autant qu’il est vécu. Agnès Balsta incarne chaque note jusqu’à la moindre nuance de la partition pour lui donner un sens pleinement humain. L’air « parto, parto » de la Clémence de Titus est une leçon d’interprétation mozartienne mémorable qui fascine. Dans le répertoire de belcanto, avec l’extrait de l’opéra « il Giuramento » de Mercadante, l’émotion est partout présente grâce à une voix de soie qui dialogue avec la flûte de façon bouleversante. « O mio Fernando » de Donizetti dévoile une femme ô combien amoureuse et qui sait le dire en musique. Heinz Wallberg accompagne ce récital avec l’orchestre de la radio de Munich en laissant Agnès Baltsa mener le chant comme elle l’entend. Un récital d’airs d’opéra à écouter en boucle. Précipitez-vous! (Dominique Gérard)

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