Georg Friedrich Haendel (1685-1759)
Israël en Egypte HWV 54 (Israel en Egypt), oratorio en 3 parties (version de Düsseldorf par F. Mendelssohn, 1833)

Lydia Teuscher, soprano
Julia Doyle, soprano
Hilary Summers, alto
Benjmain Hulett, ténor
Roderick Williams, basse
Chœur du King's consort
King's Consort
Robert King, direction

En 1739, juste après la composition de "Saül", Haendel renoue avec le public londonien avec son nouvel oratorio : Israël en Egypte. Abandonnant peu à peu l'opéra, le compositeur se consacre essentiellement à l'écriture d'oratorios. Pour la composition d'"Israël en Egypte", Il reprend son Funeral Anthem pour l'étendre aux dimensions d'un grand spectacle religieux. Afin de complaire au public londonien, Haendel puise dans l'intarissable source biblique : tous les textes sont tirés de l'Exode et des Psaumes. Elaborée par morceaux, divisée en deux parties (L'Exode, Le Cantique de Moïse), l'œuvre est laborieuse et compte de très nombreux emprunts. Même si chez Haendel, l'inspiration biblique est parfois sincère, elle pêche ici par une dramaturgie boiteuse et l'absence d'action. Pis, elle est imposante, la masse chorale domine la partition (28 chœurs d'une grande variété de styles). Récitatifs arias "italiens" et duos viennent alléger la pesanteur de la frise. Mendelssohn eut l'occasion de diriger et d'arranger de nombreuses fois les oratorios de Haendel et notamment "Israël en Egypte". Reprenant les manuscrits originaux, il élague les parties d'orchestre, simplifie l'écriture des arias, remplace quelques pupitres par l'orgue. En écho à ses propres œuvres sacrées, Mendelssohn se plie aux contraintes matérielles mais injecte sa propre sève contrapuntique et spirituelle dans une œuvre qu'il chérissait particulièrement. Loin de lui donner un vernis romantique, il la modernise et la met au goût du public. En reconstituant la version de Mendelssohn, Robert King fait aussi œuvre de découvreur. Aidé de bons solistes mais surtout d'un chœur remarquable (le King's Consort) tout en puissance et dévotion. Sa lecture « rafraîchie » redonne vie à cette œuvre singulière qui mérite largement son succès au concert et au disque. (Jérôme Angouillant)