Werner Egk (1901-1983)
Colombus, opéra en 3 actes

Ernst Gutstein, baryton (Colombus)
Fritz Wunderlich, ténor (Ferdinand)
Lia Montoya (Isbella)
Hans Herbert Fiedler, basse (Premier conseiller)
Willy Ferenz, baryton (Deuxième conseiller)
Wolfgang Anheisser, baryton (Troisième conseiller)
Max Pröbstl, basse (Un moine)
Georg Pappas, basse (Un héraut)
Friedrich Lenz, ténor (Un cantor)
Romuald Pekny, récitant
Rolf Boysen, récitant
Chor und Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks
Werner Egk, direction

1933, l’antenne de Munich diffuse un opéra du jeune Werner Egk, trente-deux ans, son premier ouvrage lyrique. Une commande en fait, Egk se pliant avec une certaine virtuosité à l’exercice périlleux, mais si couru dans les années trente en Allemagne, de l’opéra radiophonique. Richard Strauss eut la dent dure pour son jeune collègue, lui rappelant que dans un opéra on devait chanter, que ce Columbus était bien avare de mélodies et de le tancer en lui rappelant un autre opéra consacré à un « découvreur », "L’Africaine" de Meyerbeer. Pardon, comparaison idiote, l’exotisme qui pénétrait l’ouvrage de Meyerbeer n’est que fugitivement présent dans Columbus, mais fait son effet : la seconde partie de la cinquième scène où l’explorateur prends possession de la Caraïbe permet à Egk le déploiement de cette écriture colorée, aux rythmes complexes, dont il était si friand. Ailleurs, une certaine sévérité règne dans cet opéra qui est d’abord une médiation sur la vanité de l’existence humaine, seulement rompu par les deux scènes avec la Reine au début et à la quasi fin de l’ouvrage. Egk, après le succès de son deuxième opus lyrique "Die Zaubergeige", n’eut de cesse de proposer une seconde mouture de Colombus, afin qu’il puisse être représenté. La métamorphose en vrai opéra n’est que partiellement réussie, encombrée par les dialogues des Sprecher qui fragmentent le flot lyrique. Orfeo publie l’écho sonore d’un concert dirigé par le compositeur en janvier 1963, reprenant la distribution de la reprise de l’ouvrage à l’Opéra de Munich en 1960. Fritz Wunderlich n’y parait qu’à la marge, dans la première scène, incarnant le Roi d’Espagne, mais il ne pouvait faire défection pour un compositeur qui écrivit à son intention le rôle de Christoph von Ried (Die Verlobung in San Domingo) et le magnifique cycle "Furchtlosigkeit und Wohlwollen". Ernst Gutstein incarne les espoirs et les tourments du navigateur avec fièvre et émotion de son sonore Kavaliersbariton face à la Reine qui permet d’entendre le beau chant de la soprano argentique Lia Montoya, si peu présente au disque. Comprimari excellents, où se remarque le Troisième Conseiller du jeune Wolfgang Anheisser, magnifique baryton trop tôt disparu. (Jean-Charles Hoffelé)

By the term ‘radio opera’, people understood, above all, the adaptation of stage works for radio. The first attempts were carried out in Berlin and soon commissions were offered for original works in the medium. General comprehensibility was the most important principle and the listener was supposed to have an exciting listening experience with the help of modern technical means. Werner Egk († 10 July 1983), too, although still lacking in dramatic musical experience, sensed the fascination emanating from this avant-garde genre. The experienced conductor Hermann Scherchen stood by him as advisor; even still, the unerring certainty of purpose, with which Egk seized upon this project does indeed seem remarkable. Egk wrote his libretto himself, drawing upon texts from historical sources and disassociating himself from the operatic genre in all clarity with the subtitle “Report and Portrait”. The work’s basic idea, a syntheses of epic and pictorially dramatic elements gave Egk the necessary freedom to incorporate the idea of the radio opera as well as foreign (to this genre) characteristics from oratorio and speech theatre into his conception. His chief model here was Igor Stravinsky’s Oedipus Rex. The booklet contains liner notes and synopsis in German and English language and the German libretto.